Communication - Mai 1990

Un des plus vieux rêves de l'homme est de communiquer avec le monde animal. Des chercheurs ont réussi à déchiffrer le langages de baleines, de dauphins, de chimpanzés ou d'abeilles. Mais la grande difficulté consiste à transmettre des instructions précises pouvant être exécutées.

Ce tour de force a été réalisé par une équipe de chercheurs danois et allemands grâce à une abeille électronique robotisée capable d'informer les abeilles d'un rucher de l'endroit ou se trouve une source de nectar. Une passionnante aventure racontée par la revue Science et Vie dans son numéro de mai. Depuis les célèbres travaux de Karl Von Frish en 1927 on sait sur quels codes se fonde le langage des abeille. L'ouvrière qui a repéré une source de nectar informe la ruche en effectuant une danse dont le trajet représente un huit. L'axe central de cette figure par rapport à la verticale et à la position du soleil indique l'angle de la source, tandis que la fréquence de vibration des ailes et les zig-zags de l'abeille donnent des renseignements sur l'importance du butin et la distance à laquelle il se trouve. Les chercheurs ont réussi à fabriquer une abeille artificielle, une sorte de robot miniature contrôlé de l'extérieur de la ruche. Cette fausse abeille danse, fait vibrer ses ailes métalliques avec des fréquences différentes et distribue par une micropompe du sirop parfumé. Recouverte de cire et imprégnée de l'odeur de la ruche elle n'effraye pas les vraies abeilles qui la suivent partout et recueillent scrupuleusement les informations qu'elle transmet. Les chercheurs ont pu ainsi envoyer des abeilles dans des directions différentes et vérifier que leurs instructions avaient bien été comprises. Dans l'avenir ces travaux déboucheront peut-être vers une lutte biologique non polluante grâce à des insectes robotisés capables d'éloigner des espèces nuisibles ou de les diriger vers des pièges ou ils seront détruits.