Informatique - Octobre 1993

Après la réalité virtuelle, voici la bibliothèque virtuelle. Cette fois il ne s'agit plus d'exploration des nouveaux espaces informatiques, mais d'un important programme international pour mettre à la portée des chercheurs les publications contenues dans les bases de données informatisées.

Actuellement la plupart des laboratoires de recherche sont abonnés à des dizaines de revues scientifiques dont ils découpent ou photocopient les articles qui les intéressent. Un petit nombre se connecte aux bases de données pour rechercher par mots-clés les informations dont ils ont besoin. Mais ce qu'il reçoivent n'est pas facile à lire : du texte et parfois des graphismes informatiques sans la présentation dont ils ont l'habitude dans leurs journaux professionnels. Cette pratique est en train de changer radicalement avec l'avènement des bibliothèques virtuelles. Cette fois il devient possible de visualiser sur l'écran couleur de son micro-ordinateur les pages complètes, schémas, formules, dessins, tableaux, tels qu'ils apparaissent normalement dans les revues scientifiques. Les chimistes bénéficient actuellement d'une bibliothèque virtuelle financée par l'université Cornell et l'American Chemical Society. Ce projet appelé CORE regroupe actuellement 20 000 articles soit 142 000 pages complètes. D'autres universités, y compris en Europe lancent de tels projets. Pour l'utilisateur l'interrogation à distance revient à se promener dans les rayons d'une bibliothèque, à saisir et à parcourir les document intéressants. Mais attention cette pratique ne va-t-elle pas geler la "serendipity", mot intraduisible cher aux américains et qui signifie qu'on trouve souvent par hasard ce qu'on ne cherchait pas et qui est situé sur le rayon d'à coté ! Dans ce monde de la réalité virtuelle professionnelle comment vont être respectés les droits d'auteurs ? et qui dit que l'envie de feuilleter un livre ou une revue ne restera pas plus forte que de manipuler des images électroniques sur un écran ?