Articles sur le livre "Une vie en plus"

Vieillir… donc vivre!

Propos recueillis par Armelle Breton de la rédaction de "La vie" le 3 novembre.
La cause est entendue : nous allons vivre de plus en plus vieux. La nouvelle réjouit certains, en effraie d¹autres. Madeleine Chapsal et Joël de Rosnay, qui ont déjà abordé ce territoire, confrontent ici leurs expériences. Une leçon d¹optimisme.



M_chapsal_et_j_de_rosnayElle est romancière et a habitué ses lecteurs, au fil de ses très nombreux romans, à suivre les différentes étapes de sa vie. Il est scientifique, conseiller de la Cité des sciences, à Paris. Si la première vous renvoie au Who's Who pour connaître son âge, le second décline sans ambages son année de naissance : 1937. L'idée de les faire se rencontrer nous est venue après avoir reçu le même jour leurs derniers livres : le «Certain âge», pour Madeleine Chapsal, et Une vie en plus, pour Joël de Rosnay, partition sur la longévité déclinée avec Jean-Louis Servan-Schreiber, François de Closets et Dominique Simonnet. Tentant, donc, de faire dialoguer ces deux seniors sur leur expérience de la vieillesse, ce «continent inédit» et par trop ignoré, à l¹heure où la science et la médecine prédisent à nos sociétés développées quinze à vingt ans de vie en plus. Une femme, un homme, une artiste, un scientifique, leurs mots se croisent pour célébrer le supplément d'existence qu'offre l'âge. Très peu de nostalgie, beaucoup d¹espoir. Revigorant.

Le corps

Madeleine Chapsal. Comment mieux décrire le sentiment éprouvé par les modifications de notre physique qu'avec ces mots d'un ami : « En vieillissant, je perds l'amitié avec mon corps. » C'est d'autant plus vrai pour les femmes. Dès que vous commencez à avoir des rides, des cheveux blancs, quand votre silhouette s'épaissit, que votre peau se relâche, vous le sentez immédiatement dans le regard et les mots des autres : mémé, croulante, vieille peau. Et puis, il y a tout ce qui ne se voit pas et dont on parle moins : la perte de substance osseuse, d'énergie, la vue qui baisse, la voix qui se casse, les petites douleurs comme une menace. C'est un nouveau corps qui vous arrive, qu'il faut apprivoiser et parvenir à aimer. La question qui compte alors, c'est : « Suis-je encore la même à l'intérieur de moi ? »

Joël de Rosnay. C’est sûr, on n’est plus le même. Et l’âge nous oblige à une lutte permanente. Mais, aujourd’hui, la science nous donne les moyens d’aborder la vieillesse physique bien mieux qu’il y a trente ans. On comprend les mécanismes de base responsables de l’oxydation et de l’inflammation des cellules. On sait comment ralentir les rouillures du corps. Pas de tabac, une alimentation saine et équilibrée, le recours à des suppléments nutritionnels antioxydants, une activité physique régulière. Ce que j’appelle la bionomie, où règle de gestion de son corps. Mais il ne s’agit pas d’investir dans une vie ascétique. Selon moi, l’équation idéale, c’est régularité + variété = harmonie. Le but étant d’ajouter de la vie aux années, pas seulement des années à la vie. Et mieux vaut tard que jamais : si on commence à 60 ans, on peut récupérer des fonctions dégradées. C’est prouvé pour les muscles  on peut encore accroître sa masse musculaire comme pour le cerveau: les personnes qui font de l’exercice et utilisent leur cerveau sont moins touchées par la maladie d’Alzheimer.

Portés par leur passion

AufrayHugues Aufray, chanteur, 75 ans, s’apprête à partir en tournée après avoir empli l’Olympia. Dernier album: Hugues Aufray, plus live que jamais.
Mon secret de jeunesse
J’ai gardé mes idéaux d’humanisme et de liberté. Il n’y a pas de dissension entre mes chansons et ma vie. C’est sans doute cela qui m’a épargné une usure précoce.
L’avenir, c’est…
Je me dis que je peux faire plus et mieux. J’ai l’impression de ne pas avoir exploité mon potentiel, de ne pas avoir été assez sérieux dans mon travail. Ma devise: il n’est jamais trop tard… Mon projet : faire des progrès.

 

AznavourCharles Aznavour, chanteur,
bientôt 82 ans, repart en tournée ce mois-ci dans le Benelux.
Mon secret de jeunesse
La colère est un de mes grands bonheurs. Il faut être en colère, véhément, il ne faut pas être mou dans la vie. Il faut aller de l’avant.
L’avenir, c’est…
L’arrière, c’est un réservoir où je puise des choses. Je ne regarde pas dedans, je ramasse seulement. L’avant, c’est tout ce qui me reste. Mais, en réalité, je vis dans le présent.

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