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La révolte du pronetariat

Critique du livre par Pascal Minguet.

Des mass média aux média de masses

Joël de Rosnay vient de sortir un livre qui va sans aucun doute marquer. Comme en leu temps la machine à vapeur ou l'imprimerie de Gutenberg, les techniques et pratiques émergeant du nouvel Internet sont sur le point de révolutionner l'histoire de l'humanité, tant sur le plan économique que social et politique. Or ni les média traditionnels, ni les dirigeants ne semblent avoir saisi l'ampleur de ces enjeux.

Alors lisez rapidement ce livren qui prend le parti d'une vision optimiste et d'une remise en cause des modèles existants. Comme à son habitude Joël de Rosnay montre, démontre de manière fort illustrée et avec des très nombreux liens qui permettent d'entrevoir Internet 2.0

Un livre qui va faire référence

février 27, 2006 dans Revue de blogs | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack

Médias: Faites-vous partie du pronétariat?

Critique du livre par Paul Cauchon (Le Devoir).

AgoraVox est un journal Internet entièrement rédigé par des «citoyens-reporters». Sur sa page une de vendredi dernier, on trouvait une variété d'articles: une lettre ouverte au président bolivien Morales, la vision européenne du premier ministre belge, le portrait d'une entreprise de commerce équitable, un texte préparatoire à la Nuit des Césars, un reportage sur la présence de satellites autour de Pluton.

Arborant fièrement le slogan de «média citoyen», AgoraVox (qu'on peut consulter à l'adresse www.agoravox.fr) compte sur les services de plus de 2350 rédacteurs. Qui ne sont pas anonymes : pour devenir rédacteur il faut s'inscrire, se présenter, et respecter une politique éditoriale qui exige, entre autres, que les articles publiés soient factuels, avec «un véritable apport informationnel», «enrichis de références», proposant des faits «originaux et inédits». Un comité de rédaction vérifie d'ailleurs si les articles respectent ladite politique, et il peut refuser de publier un article s'il est trop confus, diffamatoire, et ainsi de suite.

AgoraVox est-il une véritable voie parallèle au journalisme traditionnel ou une nouvelle bébelle participative bonne à séduire quelques rêveurs branchés ? En tout cas ses auteurs y croient. Le projet a été lancé par la société Cybion, qui a été créée par le scientifique Joël de Rosnay et par Carlo Revelli.

Rosnay est une star scientifique, comme on le sait. Ancien chercheur et enseignant au MIT, conseiller au président de la Cité des sciences et de l'industrie à Paris, il est aussi l'auteur de titres fort connus comme Le Macroscope, La Malbouffe, L'Homme symbiotique ou encore La Plus Belle Histoire du monde avec Hubert Reeves et Yves Coppens.

Rosnay et Revelli viennent tout juste de publier chez Fayard un livre au titre curieux, La Révolte du pronétariat. Convaincus que les nouvelles pratiques qu'on trouve sur Internet sont en train de révolutionner l'histoire de l'humanité, ils en sont déjà à forger de nouveaux concepts pour rendre compte de ces nouvelles réalités. Et c'est avec une certaine surprise qu'on voit émerger sous leur plume des expressions rappelant le langage marxiste.

       

Ainsi, selon les auteurs, nous vivons actuellement une nouvelle lutte des classes entre ceux qui détiennent les moyens de production et de diffusion des informations, soit les «infocapitalistes», et ceux qui, anciens spectateurs, lecteurs ou usagers passifs, s'impliquent maintenant dans le processus planétaire de création et de distribution d'informations. Ces derniers, ce sont les «pronétaires», une nouvelle classe d'usagers des réseaux numériques capables de produire, de diffuser, de vendre des contenus numériques non propriétaires, et dont les nouveaux médias ne sont pas les médias de masse, mais les médias des masses.

Pronétaire... essayez, pour voir, de placer le mot dans votre prochain party de famille ! On peut s'en amuser, mais, en fait, Rosnay et Revelli explorent dans leur livre toutes ces nouvelles pratiques «citoyennes» où ce sont les usagers qui prennent le contrôle. Sur Internet, certaines pratiques ont été développées de façon inédite par les utilisateurs eux-mêmes : les auteurs évoquent l'exemple du chat (le clavardage) ainsi que le partage de fichiers musicaux qui a fait trembler l'industrie de la musique.

Ces pratiques se développent maintenant ailleurs, avec les blogues, les vlogues (les journaux vidéo), le journalisme citoyen ou les wikis, dont le plus célèbre est l'encyclopédie virtuelle Wikipedia, une encyclopédie globale et planétaire rédigée quotidiennement par des milliers d'internautes qui se corrigent graduellement les uns les autres.

La Révolte du pronétariat examine donc en profondeur plusieurs développements technologiques et plusieurs pratiques qui définissent une «nouvelle démocratie» participative, disent-ils, où les citoyens prennent de plus en plus de pouvoir, contre les institutions traditionnelles (dont les médias), un pouvoir qui ira en augmentant pour autant qu'ils sachent se montrer «solidaires et organisés», font-ils remarquer.

Histoire de prêcher par l'exemple, Rosnay et Revelli ont donc mis en place AgoraVox, où tout citoyen peut devenir reporter et structurer un texte à l'aide de photos et de vidéos obtenues grâce aux appareils numériques. L'expérience est fascinante. Mais la première chose qui vient à l'esprit en visitant le site, c'est le besoin d'organisation : la présence d'un comité de rédaction atteste que, même dans un univers qui se veut très libre et très participatif, un système de régulation est nécessaire pour éviter le chaos et les dérapages !

Dan Gillmor, un blogueur américain célèbre, a déjà prédit que de nouveaux rassemblements de journalistes, d'informateurs et de lecteurs sur Internet transformeraient le journalisme tel qu'on le connaît actuellement en une sorte de «conversation assistée par la technologie».

De façon prudente, les auteurs concluent plutôt leur livre en admettant que «dans le contexte de la lutte entre infocapitalistes et pronétaires, il est difficile de présumer de la victoire des médias des masses sur les mass media». Voilà une saine prudence. Et pour le moment, la voie la plus riche à explorer est probablement cette collaboration entre les médias traditionnels et les nouvelles pratiques, par exemple avec ces sites de grands médias qui ouvrent leurs pages à l'interaction avec des lecteurs, en publiant des blogues, des forums, des chats, en intégrant dans les reportages des photos ou des vidéos fournies par les internautes.

février 27, 2006 dans Revue de presse | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack

Gare à la révolution numérique !

Critique du livre par Marion Rojinsky (La Tribune).

Joël de Rosnay explique comment les internautes peuvent jouer un rôle de contre-pouvoir.

Joël de Rosnay, père spirituel de la Cité des Sciences et de l'industrie à Paris, se fait le porte-parole des nouveaux révolutionnaires d'Internet et de ses prolongements numériques. La Révolte du pronétariat veut mettre en garde les groupes industriels traditionnels et les géants des médias contre les boulversements de "l'e-révolution" qu'ils n'éteindront pas avec "des moyens répressifs, juridiques ou de propagande médiatique inadaptés."
Ces "pronétaires", figures pour Joël de Rosnay de l'internaute et du bon vieux "prolétaire selon la définition marxiste", forment ainsi cette "nouvelle classe d'usagers des réseaux numériques capable de produire, diffuser, vendre des contenus numériques non propriétaires en s'appuyant sur les principes de la "nouvelle économie"". En face, "les infocapitalistes, détenteurs des contenus et des réseaux de distribution".

Démocratie participative. Dans cet ouvrage fort documenté, de Rosnay, avec la collaboration de Carlo Revelli fondateur d'AgoraVox, premier site français participatif et collaboratif, dresse donc le constat d'une "nouvelle lutte des classes". Cette révolution, que l'auteur n'ose qualifier de bourgeoise, est clairement en marche. Arrivera-t-elle à dépasser les frontières de la "classe moyenne" ? Joël de Rosnay semble en être convaincu. Et cette idée tétanise les grands pouvoirs en place : politique ou institutionnel, économique et surtout les médias. Fini donc les internautes ou les mobinautes (téléphonie mobile) "relégués au rang de simples consommateurs". Le lecteur averti retrouve les applications qui aujourd'hui "font entrer Internet dans sa nouvelle étape de croissance". Appelons ça Web 2.0 ou Internet 2.0. L'auteur célèbre ici l'avènement de l'ère de la démocratie  numérique participative : blogs (carnets en ligne), wikis (articles de fond), vlogs (journaux vidéo en ligne), mais aussi messagerie instantanée ou voix sur Internet (Skype, Wengo, etc.). Malgré ses répétitins, ce livre va s'avérer un outil essentiel de la réflexion à mener dans nos sociétés.

février 24, 2006 dans Revue de presse | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack

La révolte du Pronétariat

Critique du livre par Jean Dubois (Les Echos).

L'irruption des internautes et blogueurs opère une rupture radicale dans la relation entre les hommes au sein de la société.

Il est assez inattendu qu'un ouvrage sur le développement de l'Internet se place sous la bannière du slogan cher aux premiers marxistes. C'est que Joël de Rosnay n'est pas seulement un scientifique se livrant ici à un exercice de prospective, mais aussi un militant. C'est également qu'il est convaincu que nous vivons une révolution aussi importante que celle qui a marqué le début de l'ère industrielle.
L'erreur courante est de ne voir dans l'Internet qu'une nouvelle technologie de communication s'ajoutant à une liste déjà longue. En fait, son irruption opère une rupture radicale dans la relation entre les hommes au sein de la société, puisqu'il en inverse le sens antérieur. Nous vivions jusqu'ici dans une société pyramidale où tout allait dans le même sens : du haut vers le bas. Ainsi en est-il de l'information détenue par une élite minoritaire qui la distribuait ensuite en forçant les utilisateurs à passer par les vecteurs de diffusion qu'ils contrôlaient : maisons d'édition, journaux, chaînes de télévision, etc. Mais voilà que les nouvelles technologies numériques font surgir une nouvelle classe d'usagers qui cessent d'être de simples consommateurs passifs pour devenir à leur tour producteurs et diffu- seurs d'information. Tels sont les « pronetaires » : des internautes, des « blogueurs », des cito- yens comme les autres mais qui entrent en compétition avec les « infocapitalistes » traditionnels pour informer, écouter de la musique, drainer des flux importants de visiteurs sur leurs sites, permettre des accès gratuits, etc. Le schéma de la communication cesse d'être celui des mass media - « un vers tous » - pour devenir celui de « tous vers tous ». Il se crée ainsi un réseau de « médias de masse » qui utilisent des techniques numériques de création collaborative, de connexion et d'échange qui supplantent progressivement les vecteurs traditionnels des mass media. « Face aux pouvoirs publics et privés apparaît un véritable contre-pouvoir citoyen. »

Cette inversion des rapports de pouvoir se manifeste aujourd'hui dans le secteur de la presse, qui doit faire face à une nouvelle concurrence. Mais il est prévisible que bien d'autres domaines seront touchés : celui de la musique, où se déroulent déjà de spectaculaires batailles, celui de la télévision, celui de la publicité, etc. La vie politique ne devrait pas échapper à cette mutation à partir du moment où les citoyens disposeront de moyens plus efficaces que leurs bulletins de vote pour peser sur les décisions. Pour Joël de Rosnay, on se dirige vers une nouvelle démocratie : « Non pas une e-démocratie caractérisée par le vote à distance, mais une vraie démocratie de communication. (...) Les médias de masses, seuls véritables médias démocratiques, vont radicalement modifier la relation entre le politique et le citoyen. »

Information et... intelligence

Le risque serait de se laisser aller à un optimisme béat. Fort heureusement, l'auteur explique en quelques pages remarquables ce que pourrait être un autre scénario. Il montre que l'Internet peut provoquer une explosion de l'information qui équivaudra à une sorte de « bombardement informationnel » dépassant largement les capacités de traitement de l'homme ordinaire. Trop d'information tue l'information et peut aboutir à une désastreuse désinformation : « Avoir un accès illimité aux informations ne signifie pas pour autant disposer d'un accès automatique au savoir et n'entraîne pas à coup sûr un enrichissement personnel. » Mais les individus de demain auront-ils le bagage intellectuel leur permettant de relever un pareil défi ?

Au bout du compte, le lecteur éprouvera sans doute quelque scepticisme à l'égard de ce qu'il peut estimer être un rêve de l'auteur, rêve que celui-ci poursuit depuis qu'il nous a donné « Le Macroscope » (Seuil, I975), puis « L'Homme symbiotique » (Seuil, I995). On le suit volontiers quand il nous décrit l'accroissement de pouvoir que les nouvelles technologies mettent à la disposition des hommes, mais l'on continue à se demander s'ils seront en mesure de l'utiliser. Cela supposerait « qu'ils parviennent à se montrer solidaires et organisés ». Or les pistes suggérées par Joël de Rosnay pour satisfaire à cette condition ne balaient pas le doute. On veut bien souhaiter l'émergence d'une « intelligence collective » au sein d'un nouveau cyberespace, mais on peut craindre que cette hypothèse n'ait guère de chances de se réaliser. Cela ne devrait pas interdire que l'on se mobilise pour faire avancer l'union des « pronetaires » à laquelle il nous convie.

février 23, 2006 dans Revue de presse | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack

Plus le monde se « mondialise », plus il se « tribalise »

Interview de Joël de Rosnay par Florence Belkacem (VSD).

Entre les prolétaires du XIXème siècle et les « pronétaires » que vous décrivez dans votre essai, quelles sont les points communs et les différences ?

La grande différence est que les prolétaires ne disposaient pas du contrôle des outils de production de masse réservés aux professionnels. Dans la société du numérique tout change. Les consommateurs peuvent êtres aussi des « consomm-auteurs ». Ils peuvent créer des textes, musiques, vidéos en numérique, distribuer leurs produits, et même les vendre sur le Net.

« Pronétaires de tous les pays, unissez-vous », c’est votre slogan ?
Ce n’est pas un slogan, mais plutôt un signal de rassemblement, pour suggérer que la création collaborative et l’intelligence collective sont une possibilité dans un monde encore dominé par la production de masse, la distribution de masse et les mass média.

Vous semblez opposer les méchants « infocapitalistes » aux gentils « pronétaires ». N’est-ce pas un peu simpliste et démagogique ?
La « lutte des classes » entre pronétaires et info-capitalistes, n’a que de lointaines ressemblances avec la lutte des classes décrite par Karl Marx. D’ailleurs, comme je l’explique dans le livre, « l’Empire contre-attaque…puis collabore ! ». Les grands éditeurs et même les « majors » de la vidéo et de la musique commencent à réaliser qu’ils ont tout intérêt à collaborer avec les pronétaires et les blogueurs.

A quand le « Grand Soir » des pronétaires ?

Ce n’est pas la peine de l’attendre ! Il est présent tous les jours dans la blogosphère !

Les « pronétaires » font-ils encore confiance aux médias traditionnels et aux « mainstream media », aux médias dominants ?
De moins en moins. Pourquoi faire confiance à des médiateurs qui ont leur « ligne éditoriale », un espace limité, pas de commentaires à leurs articles et aucune acceptation de contestation a posteriori de leurs assertions ? Les blogueurs savent aujourd’hui comparer, discuter, commenter, traquer les erreurs.

Nos démocraties se sont construites avec la liberté de la presse. Aujourd’hui, à trop attaquer les médias traditionnels, ne risque t’on pas de « jeter le bébé avec l’eau du bain » ?
Bien sûr, c’est un risque. La presse traditionnelle doit être absolument préservée. Mais elle doit évoluer. Avec l’explosion du nombre de photophones et de mini caméras numériques, des « citoyens reporters » seront présents partout et témoins de grands événements. Aux médias traditionnels de savoir les utiliser.

Trop d’information tue l’information. Comment dépasser l’indigestion et peut-être la saturation ?
Ca c’est un vrai risque que j’appelle « l’infopollution ». On peut s’en protéger mais il faut connaître les méthodes, ce qui n’est pas encore donné à tout le monde. Il faut donner à chacun les moyens de pratiquer « une diététique de l’information » pour éviter la boulimie informationnelle.

N’avez-vous pas tendance à ignorer les risques de manipulation et de désinformation ?
Pas du tout, ils sont omniprésents dans mon livre. Les blogs sont peut-être parmi les plus grands outils de désinformation jamais inventés, car ils peuvent créer des « bulles » de fausses nouvelles reprises par les « flux RSS » (logiciels qui avertissent automatiquement de la mise à jour des blogs auxquels ont est abonné). C’est presque pire que la censure totale, pratiquée par certains pays. Des industriels, des associations subversives, des services secrets, savent parfaitement utiliser ce type de désinformation.
 
La société que vous appelez de vos voeux me semble fondée sur des « tribus ». N’est-ce pas une terrible régression démocratique, si la démocratie consiste à « vivre ensemble quoique différents » ?
Plus le monde sur « mondialise », plus il se « tribalise ». C’est vrai, pour le meilleur ou pour le pire. Grâce aux technologies relationnelles ceux, regroupés parce qu’ils se ressemblent, en découvrirons d’autres à qui ils ne ressemblent pas. D’où discussion, débats, voir confrontation : les racines de la démocratie.

Aux Etats-Unis, on blogue et on ne vote pas, alors qu’en Europe on vote et on ne blogue pas ou peu. Finalement tout ce discours sur la démocratie virtuelle n’est-il pas qu’un pâle substitut à la démocratie réelle ?
La démocratie virtuelle ne peut en aucun cas remplacer la démocratie réelle. Le secret de la construction solidaire du futur se fonde sans doute sur le respect de la complémentarité entre monde réel et monde virtuel, chacun ayant ses avantages mais ne pouvant remplacer l’autre.

Vos « pronétaires » ne sont-ils pas les dindons de la farce ? On leur fait croire qu’ils sont libres, mais en fait ils enrichissent Google et Microsoft ?
Personne ne leur a dit qu’ils étaient libres ! Ils connaissent, mieux que l’acheteur de base d’un supermarché ou d’un téléspectateur passif, qui ils enrichissent. Et puis je n’ai jamais dit que les pronétaires allaient détruire les info-capitalistes ! Les Google, Yahoo, E-bay ou Amazon sont des modèles, certes capitalistes au sens classiques du terme, mais aussi « mutualistes » en quelque sorte.

Un dernier risque des technologies relationnelles sur internet : on connaîtra tout de nos activités et de notre vie privée, du matin jusqu’à la nuit. Comment échapper à ce flicage ?
Plus la société se dématérialise plus le risque de la perte de contact humain, de lien social augmente, au même titre que le risque de « traçabilité » des personnes et d’atteinte à la vie privée. Il n’y a pas de réponses standard à cet immense problème.

Finalement, le dernier luxe de l’homme moderne ne sera-t-il pas de refuser d’avoir un téléphone portable connecté sur internet ?
Je pense que le luxe à venir, face à l’infopollution, au spam, aux virus et aux pirates, sera d’être débranché, déconnecté ! Et cela pour pouvoir se « rebrancher » sélectivement, en fonction de choix, de valeurs, de critères de sélection. C'est-à-dire par l’exercice de sa responsabilité !

Au fait, vous arrive-t-il de débrancher votre téléphone ?
Mon téléphone portable n’est jamais branché en sonnerie directe. Il est toujours en messagerie… mais je rappelle toujours et assez vite.


Questions / Signes particuliers

Si vous étiez un mot : « espoir »
Si vous étiez un quotidien : « Agoravox »
Si vous étiez un logiciel : moteur de recherche perso pour archives papier
Si vous étiez un blog : « Pessimisme de l’intelligence – optimisme de la volonté »
Si vous étiez un SMS : « Surf is up ! »


Une version longue de l'article est disponible au format Word :
Download itw_vsd_100206.doc

février 22, 2006 dans Revue de presse | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack

Le crédo de la netpolitique

Dans un récent billet intitulé éthique et politique sur le net, Jean-Pierre Raffarin propose à ses lecteurs sa vision de la netpolitique, à laquelle nous ne pouvons que souscrire.

Alors que le phénomène des blogs concentre toute l'attention sur le "nouveau" rôle d'internet dans la vie politique française, et que le "Web 2.0" semble tenir les promesse que le Web 1.0 (quel qu'il soit) n'aurait pas tenu, c'est avec un brin de nostalgie mais aussi de fierté que nous relisons le credo de Netpolitique, rédigé il y a déjà quelques années déjà, mais plus que jamais d'actualité.

Inspiré des e-vangiles du Cluetrain Manifesto et du manifeste de notre homologue britannique Voxpolitics, ce texte - très proNetaire finalement- reflète encore aujourd'hui les convictions et les engagements de l'équipe de Netpolitique.net. Ce texte se veut vivant ; nous espérons qu'il pourra au fur et à mesure s'enrichir de vos commentaires sur ce blog ou ailleurs...

 

1. La démocratie est un dialogue.

2. Depuis plus de cinquante ans, les politiques ont pris l'habitude de communiquer via les médias de masse.

3. L'utilisation de ces médias de masse a imposé un modèle dominant de communication verticald : discours de masse, large, homogène, impersonnel, et surtout unidirectionnel.

4. Chaque nouveau média génère ses règles de communication spécifiques. Dans les années 70, Nixon , Chaban-Delmas et Mitterrand ont tous trois en commun d'avoir perdu une élection notamment parce qu'ils n'avaient pas su utiliser la télévision.

5. Dans le jeu politique, on envoie l'information du point A vers l'audience-cible (point B). C'est le modèle de communication traditionnel dit du "télégraphe" : un émetteur envoie un message à un récepteur en espérant l'influencer.

6. Sur la toile, configuration inédite : B ignore le message, B a le contrôle de ce qu'il veut lire, voir et entendre sur le net, B n'écoutera ce que vous avez à dire que s'il a l'impression que vous vous adressez effectivement à lui en tant qu'individu.

7. Internet promeut un système d'information ouvert qui permet à tout un chacun de croiser l'information avec d'autres sources.

8. Le média permet de parler à tous en s'adressant à chacun.

9. Règle de base de la communication politique : garder le contrôle du message.

10. Dommage, il n'est plus possible de contrôler le message.

11. Les techniques classiques de la communication politique : management de l'information, communication télévisuelle, relations-presse et relations-publiques subissent d'ores et déjà la pression des nouveaux médias.

12. En utilisant le Net on ne contourne pas les médias, on les multiplie. Chaque internaute est un relais d'opinion potentiel.

13. " Plus que l'individu, ce sont les communautés qu'Internet structure "(B.Emsellem), c'est ce qui fait à la fois la force et la complexité du médium.

14. Les politiques ont des raisons d'avoir peur d'Internet si ils n'intègrent pas l'interactivité et les règles du média.

15. Le réseau permet d'engager le type de dialogue auquel la démocratie représentative aspirait mais ne pouvait créer.

16. Les individus peuvent désormais trouver les moyens de se faire entendre au-delà et indépendamment des cadres institutionnels. On peut appeler cela vote stratégique, communauté de pression, " hacktivisme " : nous l'appelons "Vigilance Active".

17. Le médium favorise l'humour : les parodies et les traits d'esprit circulent plus vite et plus loin que les doctrines.

19. La politique à l'age du Réseau signifie que les gens deviennent plus organisés, plus informés, plus intelligents collectivement.

20. Le Net facilite l'accès à l'information. Il facilite aussi le passage à l'action.

21. Si les citoyens s'en saisissent et si les partis politiques jouent le jeu du média, Internet porte en germe les conditions d'une nouvelle pratique démocratique.

22. La netpolitique : nous n'en sommes qu'au début...

NetPolitique

février 22, 2006 dans Témoignages pronétaires | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack

Deux tiers d'auteurs chez les jeunes internautes

Par Guillaume Champeau.

A qui s'adresse le droit d'auteur aujourd'hui et à qui s'adressera-t-il demain ? Réservé hier à une poignée de professionnels, l'auteur du droit d'auteur devient indissociable du consommateur. Une étude de Yahoo le démontre encore...

Nous sommes tous des auteurs. Dès lors que nous postons des messages sur un forum, que nous éditons un wiki, que nous publions nos billets d'humeurs sur un blog ou notre musique sur Jamendo... nous sommes tous auteurs. Le code de la propriété intellectuelle réserve cette qualité "à celui ou à ceux sous le nom de qui l'oeuvre est divulguée". Définition très large qui exclue volontairement toute notion artistique pour accorder protection des droits à tous ceux qui, professionnels ou non, éditent des oeuvres. Là encore, les oeuvres sont protégées "quels qu'en soient le genre, la forme d'expression, le mérite ou la destination".

Selon une étude dévoilée par Yahoo et rapportée par NetEco, "près de 71% des internautes de 16 à 34 ans se déclarent prêts à produire leur propre contenu sur le web et 37% d'entre eux se disent également disposés à compléter sur internet les informations proposées par les médias classiques". En décembre, Médiamétrie nous apprenait que 2,3 millions de Français, soit un internaute sur 10, avait déjà créé son blog, et que près de 30% des internautes français les lisent ! AgoraVox, le journal citoyen français, compte déjà plus de 7000 articles en moins d'un an d'existence, écrits par plus de 2000 internautes. En Corée, OhMyNews compte environ 40.000 rédacteurs avec un lectorat qui dépasse le million de lecteurs quotidiens, et une influence telle que le journal citoyen (écrit par des bloggeurs) est réputé avoir participé à l'election du Président Roh Moo-hyun, qui lui a même accordé sa première interview ! En musique, Jamendo distribue librement plus de 600 albums, 500 concerts, et 6000 titres de plus d'un millier d'artistes. Tous prétendent à la protection du droit d'auteur, et la plupart ont une conception du droit d'auteur bien différente de celle des titulaires historiques de Droit, que Joël de Rosnay et Carlo Revelli nomment les "infocapitalistes".

Il faut donc prendre avec beaucoup de recul les déclarations de soit-disant "représentants des auteurs" qui prétendent que la loi protège "les auteurs". Ils protègent une certaine catégorie d'auteurs, qui ne sont plus ceux d'aujourd'hui, et seront de moins en moins ceux de demain...

février 21, 2006 dans Témoignages pronétaires | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack

La révolte du pronétariat

Critique du livre par Genium.

Joël de Rosnay est un scientifique qui a travaillé dans le prestigieux MIT, et fut dès 1974, l’un des premiers utilisateurs du réseau, qui s'appelait à l'époque... Arpanet. J’ai débuté la lecture de son dernier bouquin: La révolte du pronétariat : Des mass média aux média des masses; il y décrit très justement la société telle qu'elle se dessine sous l’influence des technologies de la relation.

Il a compris qu'Internet est un écosystème informationnel; nous y baignons et tout y passe: infos, radios, TV, musique... J'avoue être séduit par sa vision qui s'inscrit dans une gestion de l'abondance qui caractérise notre société; à l'opposé du modèle de la gestion de la rareté entretenu artificiellement par les infocapitalistes, qui fonctionnent encore selon un mode pyramidal de diffusion de l'info (l'image par les grandes TV, le son par les grandes radios, l'info par les grands groupes d'édition, la voix par les opérateurs, la pub par les grandes agences, la musique par les majors...). Or, comme le dit Joël de Rosnay, nous sommes tous des capteurs d'infos et susceptibles d'être une véritable source d'informations. Les consommateurs se transforment en "consom-auteurs" qui peuvent apporter leur force de "travail numérique" avec des outils pro. Et la convergence des ces outils semble permettre donc à tout un chacun d'émettre, de recevoir, de créer...

J'adhère à cette vision, car on est plus dans la gestion de la rareté mais dans celle de l'abondance, par nature rémunératrice: plusieurs millions de personnes téléphonaient gratuitement avec Skype... qui fut ensuite racheté une fortune par eBay. Ils développent une équation à 3 inconnus: Flux + Buzz = Bizz. L'exemple n'est pas idéal, mais c'est un peu le principe des soldes: certains magasins arrivent à réaliser leur chiffre d'affaire annuel dans cette période en profitant du trafic qu'il génère... En gros, mieux vaut toucher 90% des ventes d'un produit vendu à 10 centimes à des millions d'exemplaires que de toucher 10% des ventes d'un produit vendu 10 euros vendus à quelques milliers d'exemplaires... L'idée est de générer du flux sur un site fun et gratuit; cela fait forcément jaser et participe à son succès de manière exponentielle, le tout étant ensuite d'arriver à vendre des services personnalisées à très faible prix mais en quantité énorme... Le modèle me semble vraiment génial Pas d'investissement en amont puisque les pronétaires possèdent déjà un ordinateur et une connexion internet; et pas besoin de marketing en aval forcément inutile. Dans ce modèle, la promotion, le marketing est automatique et gratuit. Du coup, les marges sont tout simplement énormes

Etendre ce modèle à la culture implique de réinventer le droit d'auteur! Les technos de la relation comme les définit Joël de Rosnay est un formidable levier qui offre une telle visibilité forcément très rémunératrice... Mais ceci, les infocapitalistes ne le comprennent pas, car ils fonctionnent selon des reflexes pyramidaux

Les premiers 150 000 pronétaires signataires de la pétition EUCD Info se sentent tout particulièrement concernés par l'analyse de Monsieur de Rosnay...

février 19, 2006 dans Revue de blogs | Permalink | Commentaires (3) | TrackBack

Agoravox peut-il concurrencer les grands médias du Web ?

Le site, passé de 90 000 visiteurs uniques en septembre 2005 à plus de 250 000 en début d'année, connait un succès considérable. La V2 lancée en janvier 2006 annonce la couleur : « Une » avec photo grand format, dessin du jour, dossiers sur des sujets sensibles, revue de presse Web, mise en avant des auteurs les plus lus… À y regarder de près, Agoravox a désormais tout d’un média grand public.

Lorsque j’ai vu pour la première fois la V2 d’Agoravox fin janvier, j’avoue avoir été impressionné par les couleurs pastel, la clarté de la charte graphique, la pertinence de l’organisation du site. Il y a indéniablement une volonté professionnelle et ambitieuse dans ce nouveau média. Le journal citoyen de Joël de Rosnay et Carlo Revelli met enfin les possibilités participatives du Web au service d’un grand projet lié à l’actualité. Le site agit comme un fédérateur pour des milliers de Blogs qui y trouvent une tribune providentielle pour attirer du trafic sur leurs pages. Mais c’est aussi l’occasion pour de nombreux journalistes ou acteurs de la société civile de s’exprimer librement, sans les contraintes et les limites inhérentes aux entreprises de presse « officielles ». On ne peut s’empêcher de faire un parallèle entre Agoravox et Wikipedia, l’encyclopédie libre du Web. Contenus différents, objectifs différents, mais logique identique : créer un média libre autocontrôlé et bénéficiant d’un réservoir de participants dont les limites théoriques se situent au niveau du milliard d’individus connectés à Internet dans le monde.

Les médias d’actualité sur le Web en France : petit récapitulatif non exhaustif

Parmi les médias traditionnels, LeMonde.fr, le site du journal Le Monde, maintient sa position de leader avec 4,9 millions de visiteurs uniques en novembre 2005 (Xiti). Le site, dirigé par le tandem, Bruno Patino (Président) et Yann Chapellon (Directeur Général) depuis bientôt 6 ans, a su s’adapter aux dernières technologies et propose à ses abonnés de créer leur blog aux couleurs du journal. Par ailleurs, le site met à disposition des flux RSS ciblés pas séquence (cependant leur fonctionnement semblait encore délicat en janvier 2006). Les autres sites de journaux d’information généralistes ont des audiences plus modestes, 941 000 visiteurs uniques pour Libération (qui propose aussi la création de Blogs et de flux RSS) et 848 000 pour le Figaro en décembre 2005 (Flux RSS disponibles également), selon Médiamétrie. Face à eux, on trouve les sites issus des médias audiovisuels, TF1.fr, France2.fr et France3.fr et des radios, radiofrance.fr, RTL.fr, dont la part de la fréquentation liée à l’actualité reste difficile à évaluer. En effet, ces sites proposent aussi des jeux, des informations sur leurs programmes et des pages dédiées à leurs émissions. La presse magazine se défend bien avec environ 1,2 millions de visiteurs pour Nouvelobs.com et les sites du groupe l’Express-L’Expansion. Mais pour l’instant, la concurrence vient surtout de Yahoo ! et de Google News qui ont l’énorme avantage de ne pas avoir à assumer les coûts de production d’un contenu qu’ils récupèrent chez une multitudes de petits et grands éditeurs du Web. Leurs rapports sont tendus avec les médias traditionnels présents sur le Web et l’association mondiale des journaux, basée à Paris, vient de mettre en place un groupe de travail destiné à étudier les moyens de faire pression sur Google, accusé de vouloir générer du trafic sur le dos des producteurs d’information. Suite au lancement de Google News, Le Monde et Les Echos avaient d’ailleurs demandé à ce que leurs articles ne soient pas indexés par le moteur de recherche, avant qu’un accord ne soit finalement trouvé.

Les médias participatifs déboulent donc dans l’arène de l’actualité et Agoravox constitue un porte-avions de première classe. Bien sûr, les critiques se font acerbes, criant aux risques de dérives et de manipulation, mettant le doigt sur le manque de contrôle qui conduirait inévitablement selon eux, à sacrifier la qualité sur l’autel de la quantité. Mais d’autres ont déjà crié au loup à propos de Wikipedia, et Nature a remis les choses en place en démontrant que l’encyclopédie libre pouvait tenir la comparaison avec la sacro-sainte Encyclopedia Britannica. D’ailleurs, pour éviter d’être la cible d’intentions malveillantes qui cherchent à les discréditer, les sites participatifs renforcent au fur et à mesure la surveillance de leur contenu en la confiant aux utilisateurs les plus fiables et les plus réguliers… Point délicat puisque finalement, cela risque de réintroduire une gestion pyramidale et hiérarchisée de l’information alors que la valeur ajoutée du modèle réside dans sa liberté d’expression.

Quoi qu’il en soit, force est de constater qu’avec le journalisme citoyen, le journaliste professionnel perd de facto son monopôle d’informateur du peuple. Désormais, chaque individu est un intermédiaire possible entre l’information et le village planétaire cher à Mac Luhan, devenant un média de masse à lui tout seul. Mais gardons-nous d’aller trop vite. Les médias traditionnels conservent pour l’instant la primauté lors des grands évènements comme les conflits ou les élections. Ainsi, le 21 avril 2002, c’est devant la télévision que nous avons appris la débâcle de la Gauche à 20 heures et il en fut de même pour la grande majorité d’entre nous lorsque sont survenus les attentats de Londres ou de Madrid. C’est ensuite, après avoir pris acte des évènements devant le petit écran, que nous nous sommes rués sur Internet pour en débattre et obtenir des précisions.

Mais sur le Web, Agoravox est un concurrent crédible des grands médias car il réunit gratuité et originalité de l’information, ce que ne peuvent faire ni les portails qui ne produisent pas de contenu, ni les médias traditionnels, qui paient très cher celui qu’ils éditent. L’enjeu du journalisme citoyen se situe au niveau de la qualité de l’information qui doit demeurer comparable avec celle des médias traditionnels pour instaurer une crédibilité. À court terme, Agoravox se place donc en média complémentaire, il n’a pas vocation à remplacer les grands médias qui ont « pignon sur rue » et pour lesquels une large partie de la population voue, à tort ou à raison, une véritable croyance. Mais à moyen terme, nul doute qu’Internet continuera à grignoter des parts de marché sur les autres médias. D’autant qu’avec le haut débit, fixe et mobile, le réseau permet désormais la publication de contenus audio et vidéo consultables « en streaming » par une grande partie des internautes, et cela quasiment sans frais de production et de distribution. Il suffit d’ailleurs de voir les podcasts en « Une » d’Agoravox pour s’en convaincre. Média convergent, Internet intègre au fur et à mesure les autres médias.

Dans son livre La Révolte du pronetariat, Joël de Rosnay annonce la fin des « mass media » et le début de l’ère des médias de masse. Jean François Fogel et Bruno Patino posent la question dans Une presse sans Gutenberg de savoir si Internet est un média de masse ou plutôt « un média sans masse, instantané ». Délicate interrogation. Ce qui semble clair, c’est que dans les prochaines années, les dirigeants des grands médias ont intérêt à ne pas être trop « à la masse » vis-à-vis d’Internet et à prendre en compte la nouvelle donne annoncée par le journalisme citoyen.

Lionel Barbe (Les enjeux de la société de l'information)

février 15, 2006 dans Révoltes pronétaires | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack

Une nouvelle façon de s'informer, de consommer grâce à la révolte du proNétarat...

Critique du livre par David Abiker (France Inter).

Avec Marx et Engels, on connaissait la révolte du prolétariat... Mais aujourd’hui, nous vous parlons des pronétaires avec un "N"…

"La révolte du pronétariat", c’est le titre d’un livre de Joël de Rosnay et de Carlo Revelli... C’est quoi le "pronétariat" ?... Eh bien, ce sont ces millions d’internautes qui ont changé leur façon de s’informer, de consommer, de téléphoner ou d’écouter de la musique... Quant à la révolte, Joël de Rosnay la décrypte pour nous... Ecoutez...

Le premier chapitre s’intitule "Pronétaires de tous les pays unissez-vous !"... Je vous rassure, il n’y a que le vocabulaire qui est marxiste... Ce qui intéresse les auteurs, ce n’est pas la lutte des classes mais plutôt la remise en cause des médias traditionnels par les internautes... autrement dit, les "pronétaires" avec tous les changements qui vont avec...

Joël de Rosnay et Carlo Revelli font la liste de ces changements... D’abord l’information : les pronétaires s’informent sur Internet mais ils sont aussi des producteurs d’information, grâce au blog... Ensuite, la consommation : les pronétaires consomment autrement... C’est la révolution de la gratuité ou des prix bas, comme pour le téléphone ou la musique... C’est encore une révolution politique avec des rapports de force avec les pouvoirs traditionnels…

Ils expliquent aussi que c’est la manière de produire des objets qui peut changer grâce à Internet...

On savait déjà qu’avec Internet, un chirurgien pouvait opérer à distance... Joël de Rosnay annonce la fabrication à distance avec des imprimantes en trois dimensions... Jusqu’à présent on ne pouvait imprimer que des photos en deux dimensions... Eh bien, aujourd’hui, il existe des machines qui fabriquent à l’aide de résine des objets en trois dimensions... La liaison entre Internet, le PC et les micro-usines personnelles ouvrira des possibilités inimaginables, explique Joël de Rosnay...
Aujourd’hui, ces imprimantes 3D coûtent cher mais demain, elles seront portables et trouveront des applications dans les foyers, les petits ateliers et mêmes les garages...

Mais est-ce qu’Internet ne nous réserve pas un monde un peu trop homogène ?...

C’est ce qu’on croyait au départ mais le livre explique que la toile est le reflet de la variété du monde... Là où on pensait qu’Internet homogéniserait la culture, et n’utiliserait qu’une seule langue comme l’anglais, on s’aperçoit qu’il existe des milliers de cybertribus, dans toutes les langues avec chacune ses habitudes et ses références... Et Joël de Rosnay de comparer Internet à une sorte d’organisme vivant... Il explique que cet organisme produira dans une dizaine d’année ses propres anti-corps... Il s’autorégulera, produira ses propres systèmes antivirus et pourrait bien prendre son indépendance...

Et c’est ce risque qu’il faut anticiper... C’est la conclusion de ce livre sur "la révolte du pronétariat" : canaliser la révolte pour en capter l’énergie et la créativité !...

février 15, 2006 dans Revue de presse | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack