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La révolte du pronetariat |
Critique du livre par Pascal Minguet.
Des mass média aux média de masses
Joël de Rosnay vient de
sortir un livre qui va sans aucun doute marquer. Comme en leu temps la
machine à vapeur ou l'imprimerie de Gutenberg, les techniques et
pratiques émergeant du nouvel Internet sont sur le point de
révolutionner l'histoire de l'humanité, tant sur le plan économique que
social et politique. Or ni les média traditionnels, ni les dirigeants
ne semblent avoir saisi l'ampleur de ces enjeux.
Alors lisez rapidement ce livren qui prend le parti d'une vision optimiste et d'une remise en cause des modèles existants. Comme à son habitude Joël de Rosnay montre, démontre de manière fort illustrée et avec des très nombreux liens qui permettent d'entrevoir Internet 2.0
Un livre qui va faire référence
février 27, 2006 dans Revue de blogs | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack
Médias: Faites-vous partie du pronétariat? |
Critique du livre par Paul Cauchon (Le Devoir).
AgoraVox est un
journal Internet entièrement rédigé par des «citoyens-reporters». Sur
sa page une de vendredi dernier, on trouvait une variété d'articles:
une lettre ouverte au président bolivien Morales, la vision européenne
du premier ministre belge, le portrait d'une entreprise de commerce
équitable, un texte préparatoire à la Nuit des Césars, un reportage sur
la présence de satellites autour de Pluton.
Arborant fièrement le slogan de «média citoyen»,
AgoraVox (qu'on peut consulter à l'adresse www.agoravox.fr) compte sur
les services de plus de 2350 rédacteurs. Qui ne sont pas anonymes :
pour devenir rédacteur il faut s'inscrire, se présenter, et respecter
une politique éditoriale qui exige, entre autres, que les articles
publiés soient factuels, avec «un véritable apport informationnel»,
«enrichis de références», proposant des faits «originaux et inédits».
Un comité de rédaction vérifie d'ailleurs si les articles respectent
ladite politique, et il peut refuser de publier un article s'il est
trop confus, diffamatoire, et ainsi de suite.
AgoraVox est-il une véritable voie parallèle au journalisme
traditionnel ou une nouvelle bébelle participative bonne à séduire
quelques rêveurs branchés ? En tout cas ses auteurs y croient. Le
projet a été lancé par la société Cybion, qui a été créée par le
scientifique Joël de Rosnay et par Carlo Revelli.
Rosnay est une star scientifique, comme on le sait. Ancien
chercheur et enseignant au MIT, conseiller au président de la Cité des
sciences et de l'industrie à Paris, il est aussi l'auteur de titres
fort connus comme Le Macroscope, La Malbouffe, L'Homme symbiotique ou
encore La Plus Belle Histoire du monde avec Hubert Reeves et Yves
Coppens.
Rosnay et Revelli viennent tout juste de publier chez
Fayard un livre au titre curieux, La Révolte du pronétariat. Convaincus
que les nouvelles pratiques qu'on trouve sur Internet sont en train de
révolutionner l'histoire de l'humanité, ils en sont déjà à forger de
nouveaux concepts pour rendre compte de ces nouvelles réalités. Et
c'est avec une certaine surprise qu'on voit émerger sous leur plume des
expressions rappelant le langage marxiste.
Ainsi, selon les auteurs, nous vivons actuellement
une nouvelle lutte des classes entre ceux qui détiennent les moyens de
production et de diffusion des informations, soit les
«infocapitalistes», et ceux qui, anciens spectateurs, lecteurs ou
usagers passifs, s'impliquent maintenant dans le processus planétaire
de création et de distribution d'informations. Ces derniers, ce sont
les «pronétaires», une nouvelle classe d'usagers des réseaux numériques
capables de produire, de diffuser, de vendre des contenus numériques
non propriétaires, et dont les nouveaux médias ne sont pas les médias
de masse, mais les médias des masses.
Pronétaire... essayez, pour voir, de placer le mot
dans votre prochain party de famille ! On peut s'en amuser, mais, en
fait, Rosnay et Revelli explorent dans leur livre toutes ces nouvelles
pratiques «citoyennes» où ce sont les usagers qui prennent le contrôle.
Sur Internet, certaines pratiques ont été développées de façon inédite
par les utilisateurs eux-mêmes : les auteurs évoquent l'exemple du chat
(le clavardage) ainsi que le partage de fichiers musicaux qui a fait
trembler l'industrie de la musique.
Ces pratiques se développent maintenant ailleurs, avec les blogues,
les vlogues (les journaux vidéo), le journalisme citoyen ou les wikis,
dont le plus célèbre est l'encyclopédie virtuelle Wikipedia, une
encyclopédie globale et planétaire rédigée quotidiennement par des
milliers d'internautes qui se corrigent graduellement les uns les
autres.
La Révolte du pronétariat examine donc en profondeur plusieurs
développements technologiques et plusieurs pratiques qui définissent
une «nouvelle démocratie» participative, disent-ils, où les citoyens
prennent de plus en plus de pouvoir, contre les institutions
traditionnelles (dont les médias), un pouvoir qui ira en augmentant
pour autant qu'ils sachent se montrer «solidaires et organisés»,
font-ils remarquer.
Histoire de prêcher par l'exemple, Rosnay et Revelli ont donc mis
en place AgoraVox, où tout citoyen peut devenir reporter et structurer
un texte à l'aide de photos et de vidéos obtenues grâce aux appareils
numériques. L'expérience est fascinante. Mais la première chose qui
vient à l'esprit en visitant le site, c'est le besoin d'organisation :
la présence d'un comité de rédaction atteste que, même dans un univers
qui se veut très libre et très participatif, un système de régulation
est nécessaire pour éviter le chaos et les dérapages !
Dan Gillmor, un blogueur américain célèbre, a déjà prédit que de
nouveaux rassemblements de journalistes, d'informateurs et de lecteurs
sur Internet transformeraient le journalisme tel qu'on le connaît
actuellement en une sorte de «conversation assistée par la
technologie».
De façon prudente, les auteurs concluent plutôt leur livre en
admettant que «dans le contexte de la lutte entre infocapitalistes et
pronétaires, il est difficile de présumer de la victoire des médias des
masses sur les mass media». Voilà une saine prudence. Et pour le
moment, la voie la plus riche à explorer est probablement cette
collaboration entre les médias traditionnels et les nouvelles
pratiques, par exemple avec ces sites de grands médias qui ouvrent
leurs pages à l'interaction avec des lecteurs, en publiant des blogues,
des forums, des chats, en intégrant dans les reportages des photos ou
des vidéos fournies par les internautes.
février 27, 2006 dans Revue de presse | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack
Gare à la révolution numérique ! |
Critique du livre par Marion Rojinsky (La Tribune).
Joël de Rosnay explique comment les internautes peuvent jouer un rôle de contre-pouvoir.
Joël de Rosnay, père spirituel de la Cité des Sciences et de l'industrie à Paris, se fait le porte-parole des nouveaux révolutionnaires d'Internet et de ses prolongements numériques. La Révolte du pronétariat veut mettre en garde les groupes industriels traditionnels et les géants des médias contre les boulversements de "l'e-révolution" qu'ils n'éteindront pas avec "des moyens répressifs, juridiques ou de propagande médiatique inadaptés."
Ces "pronétaires", figures pour Joël de Rosnay de l'internaute et du bon vieux "prolétaire selon la définition marxiste", forment ainsi cette "nouvelle classe d'usagers des réseaux numériques capable de produire, diffuser, vendre des contenus numériques non propriétaires en s'appuyant sur les principes de la "nouvelle économie"". En face, "les infocapitalistes, détenteurs des contenus et des réseaux de distribution".
Démocratie participative. Dans cet ouvrage fort documenté, de Rosnay, avec la collaboration de Carlo Revelli fondateur d'AgoraVox, premier site français participatif et collaboratif, dresse donc le constat d'une "nouvelle lutte des classes". Cette révolution, que l'auteur n'ose qualifier de bourgeoise, est clairement en marche. Arrivera-t-elle à dépasser les frontières de la "classe moyenne" ? Joël de Rosnay semble en être convaincu. Et cette idée tétanise les grands pouvoirs en place : politique ou institutionnel, économique et surtout les médias. Fini donc les internautes ou les mobinautes (téléphonie mobile) "relégués au rang de simples consommateurs". Le lecteur averti retrouve les applications qui aujourd'hui "font entrer Internet dans sa nouvelle étape de croissance". Appelons ça Web 2.0 ou Internet 2.0. L'auteur célèbre ici l'avènement de l'ère de la démocratie numérique participative : blogs (carnets en ligne), wikis (articles de fond), vlogs (journaux vidéo en ligne), mais aussi messagerie instantanée ou voix sur Internet (Skype, Wengo, etc.). Malgré ses répétitins, ce livre va s'avérer un outil essentiel de la réflexion à mener dans nos sociétés.
février 24, 2006 dans Revue de presse | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack
La révolte du Pronétariat |
Critique du livre par Jean Dubois (Les Echos).
Information et... intelligence
février 23, 2006 dans Revue de presse | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack
Plus le monde se « mondialise », plus il se « tribalise » |
Interview de Joël de Rosnay par Florence Belkacem (VSD).
Entre les
prolétaires du XIXème siècle et les « pronétaires » que vous décrivez dans
votre essai, quelles sont les points communs et les différences ?
La grande différence est que les prolétaires ne
disposaient pas du contrôle des outils de production de masse réservés aux
professionnels. Dans la société du numérique tout change. Les consommateurs
peuvent êtres aussi des « consomm-auteurs ». Ils peuvent créer
des textes, musiques, vidéos en numérique, distribuer leurs produits, et même
les vendre sur le Net.
« Pronétaires de tous les pays,
unissez-vous », c’est votre slogan ?
Ce n’est pas un slogan, mais plutôt un signal de rassemblement, pour
suggérer que la création collaborative et l’intelligence collective sont une
possibilité dans un monde encore dominé par la production de masse, la
distribution de masse et les mass média.
Vous semblez opposer les méchants «
infocapitalistes » aux gentils « pronétaires ». N’est-ce pas un peu simpliste
et démagogique ?
La « lutte des classes » entre pronétaires et
info-capitalistes, n’a que de lointaines ressemblances avec la lutte des
classes décrite par Karl Marx. D’ailleurs, comme je l’explique dans le livre,
« l’Empire contre-attaque…puis collabore ! ». Les grands
éditeurs et même les « majors » de la vidéo et de la musique
commencent à réaliser qu’ils ont tout intérêt à collaborer avec les pronétaires
et les blogueurs.
A quand le « Grand Soir » des pronétaires ?
Ce n’est pas la peine de l’attendre ! Il est présent
tous les jours dans la blogosphère !
Les « pronétaires » font-ils encore
confiance aux médias traditionnels et aux « mainstream media », aux médias
dominants ?
De moins en moins. Pourquoi faire confiance à des
médiateurs qui ont leur « ligne éditoriale », un espace limité, pas
de commentaires à leurs articles et aucune acceptation de contestation a
posteriori de leurs assertions ? Les blogueurs savent aujourd’hui
comparer, discuter, commenter, traquer les erreurs.
Nos démocraties se sont construites avec
la liberté de la presse. Aujourd’hui, à trop attaquer les médias traditionnels,
ne risque t’on pas de « jeter le bébé avec l’eau du bain » ?
Bien sûr, c’est un risque. La presse traditionnelle doit
être absolument préservée. Mais elle doit évoluer. Avec l’explosion du nombre
de photophones et de mini caméras numériques, des « citoyens
reporters » seront présents partout et témoins de grands événements. Aux
médias traditionnels de savoir les utiliser.
Trop d’information tue l’information.
Comment dépasser l’indigestion et peut-être la saturation ?
Ca c’est un vrai risque que j’appelle
« l’infopollution ». On peut s’en protéger mais il faut connaître les
méthodes, ce qui n’est pas encore donné à tout le monde. Il faut donner à
chacun les moyens de pratiquer « une diététique de l’information »
pour éviter la boulimie informationnelle.
N’avez-vous pas tendance à ignorer les
risques de manipulation et de désinformation ?
Pas du tout, ils sont omniprésents dans mon livre. Les
blogs sont peut-être parmi les plus grands outils de désinformation jamais
inventés, car ils peuvent créer des « bulles » de fausses nouvelles
reprises par les « flux RSS » (logiciels qui avertissent automatiquement
de la mise à jour des blogs auxquels ont est abonné). C’est presque pire que la
censure totale, pratiquée par certains pays. Des industriels, des associations
subversives, des services secrets, savent parfaitement utiliser ce type de
désinformation.
La société que vous appelez de vos voeux
me semble fondée sur des « tribus ». N’est-ce pas une terrible régression
démocratique, si la démocratie consiste à « vivre ensemble quoique différents »
?
Plus le monde sur « mondialise », plus il se
« tribalise ». C’est vrai, pour le meilleur ou pour le pire. Grâce
aux technologies relationnelles ceux, regroupés parce qu’ils se ressemblent, en
découvrirons d’autres à qui ils ne ressemblent pas. D’où discussion, débats,
voir confrontation : les racines de la démocratie.
Aux Etats-Unis, on blogue et on ne vote
pas, alors qu’en Europe on vote et on ne blogue pas ou peu. Finalement tout ce
discours sur la démocratie virtuelle n’est-il pas qu’un pâle substitut à la
démocratie réelle ?
La démocratie virtuelle ne peut en aucun cas remplacer la
démocratie réelle. Le secret de la construction solidaire du futur se fonde
sans doute sur le respect de la complémentarité entre monde réel et monde
virtuel, chacun ayant ses avantages mais ne pouvant remplacer l’autre.
Vos « pronétaires » ne sont-ils pas les
dindons de la farce ? On leur fait croire qu’ils sont libres, mais en fait ils
enrichissent Google et Microsoft ?
Personne ne leur a dit qu’ils étaient libres ! Ils
connaissent, mieux que l’acheteur de base d’un supermarché ou d’un
téléspectateur passif, qui ils enrichissent. Et puis je n’ai jamais dit que les
pronétaires allaient détruire les info-capitalistes ! Les Google, Yahoo,
E-bay ou Amazon sont des modèles, certes capitalistes au sens classiques du terme,
mais aussi « mutualistes » en quelque sorte.
Un dernier risque des technologies
relationnelles sur internet : on connaîtra tout de nos activités et de notre
vie privée, du matin jusqu’à la nuit. Comment échapper à ce flicage ?
Plus la société se dématérialise plus le risque de la
perte de contact humain, de lien social augmente, au même titre que le
risque de « traçabilité » des
personnes et d’atteinte à la vie privée. Il n’y a pas de réponses standard à cet
immense problème.
Finalement, le dernier luxe de l’homme
moderne ne sera-t-il pas de refuser d’avoir un téléphone portable connecté sur
internet ?
Je pense que le luxe à venir, face à l’infopollution, au
spam, aux virus et aux pirates, sera d’être débranché, déconnecté ! Et
cela pour pouvoir se « rebrancher » sélectivement, en fonction de
choix, de valeurs, de critères de sélection. C'est-à-dire par l’exercice de sa
responsabilité !
Au fait, vous arrive-t-il de débrancher
votre téléphone ?
Mon téléphone portable n’est jamais branché en sonnerie directe.
Il est toujours en messagerie… mais je rappelle toujours et assez vite.
Questions / Signes particuliers
Si vous étiez un mot : « espoir »
Si vous étiez un quotidien : « Agoravox »
Si vous étiez un logiciel : moteur de recherche perso pour archives papier
Si vous étiez un blog : « Pessimisme de l’intelligence – optimisme de la volonté »
Si vous étiez un SMS : « Surf is up ! »
Une version longue de l'article est disponible au format Word : Download itw_vsd_100206.doc
février 22, 2006 dans Revue de presse | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack
Le crédo de la netpolitique |
Dans un récent billet intitulé éthique et politique sur le net, Jean-Pierre Raffarin propose à ses lecteurs sa vision de la netpolitique, à laquelle nous ne pouvons que souscrire.
Alors que le phénomène des blogs concentre toute l'attention sur le "nouveau" rôle d'internet dans la vie politique française, et que le "Web 2.0" semble tenir les promesse que le Web 1.0 (quel qu'il soit) n'aurait pas tenu, c'est avec un brin de nostalgie mais aussi de fierté que nous relisons le credo de Netpolitique, rédigé il y a déjà quelques années déjà, mais plus que jamais d'actualité.
Inspiré des e-vangiles du Cluetrain Manifesto et du manifeste de notre homologue britannique Voxpolitics, ce texte - très proNetaire finalement- reflète encore aujourd'hui les convictions et les engagements de l'équipe de Netpolitique.net. Ce texte se veut vivant ; nous espérons qu'il pourra au fur et à mesure s'enrichir de vos commentaires sur ce blog ou ailleurs...
1. La démocratie est un dialogue.
2. Depuis plus de cinquante ans, les politiques ont pris l'habitude de communiquer via les médias de masse.
3. L'utilisation de ces médias de masse a imposé un modèle dominant de communication verticald : discours de masse, large, homogène, impersonnel, et surtout unidirectionnel.
4. Chaque nouveau média génère ses règles de communication spécifiques. Dans les années 70, Nixon , Chaban-Delmas et Mitterrand ont tous trois en commun d'avoir perdu une élection notamment parce qu'ils n'avaient pas su utiliser la télévision.
5. Dans le jeu politique, on envoie l'information du point A vers l'audience-cible (point B). C'est le modèle de communication traditionnel dit du "télégraphe" : un émetteur envoie un message à un récepteur en espérant l'influencer.
6. Sur la toile, configuration inédite : B ignore le message, B a le contrôle de ce qu'il veut lire, voir et entendre sur le net, B n'écoutera ce que vous avez à dire que s'il a l'impression que vous vous adressez effectivement à lui en tant qu'individu.
7. Internet promeut un système d'information ouvert qui permet à tout un chacun de croiser l'information avec d'autres sources.
8. Le média permet de parler à tous en s'adressant à chacun.
9. Règle de base de la communication politique : garder le contrôle du message.
10. Dommage, il n'est plus possible de contrôler le message.
11. Les techniques classiques de la communication politique : management de l'information, communication télévisuelle, relations-presse et relations-publiques subissent d'ores et déjà la pression des nouveaux médias.
12. En utilisant le Net on ne contourne pas les médias, on les multiplie. Chaque internaute est un relais d'opinion potentiel.
13. " Plus que l'individu, ce sont les communautés qu'Internet structure "(B.Emsellem), c'est ce qui fait à la fois la force et la complexité du médium.
14. Les politiques ont des raisons d'avoir peur d'Internet si ils n'intègrent pas l'interactivité et les règles du média.
15. Le réseau permet d'engager le type de dialogue auquel la démocratie représentative aspirait mais ne pouvait créer.
16. Les individus peuvent désormais trouver les moyens de se faire entendre au-delà et indépendamment des cadres institutionnels. On peut appeler cela vote stratégique, communauté de pression, " hacktivisme " : nous l'appelons "Vigilance Active".
17. Le médium favorise l'humour : les parodies et les traits d'esprit circulent plus vite et plus loin que les doctrines.
19. La politique à l'age du Réseau signifie que les gens deviennent plus organisés, plus informés, plus intelligents collectivement.
20. Le Net facilite l'accès à l'information. Il facilite aussi le passage à l'action.
21. Si les citoyens s'en saisissent et si les partis politiques jouent le jeu du média, Internet porte en germe les conditions d'une nouvelle pratique démocratique.
22. La netpolitique : nous n'en sommes qu'au début...
février 22, 2006 dans Témoignages pronétaires | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack
Deux tiers d'auteurs chez les jeunes internautes |
Par Guillaume Champeau.
A qui s'adresse le droit d'auteur aujourd'hui et à qui s'adressera-t-il demain ? Réservé hier à une poignée de professionnels, l'auteur du droit d'auteur devient indissociable du consommateur. Une étude de Yahoo le démontre encore...
Nous sommes tous des auteurs.
Dès lors que nous postons des messages sur un forum, que nous éditons
un wiki, que nous publions nos billets d'humeurs sur un blog ou notre musique sur Jamendo...
nous sommes tous auteurs. Le code de la propriété intellectuelle
réserve cette qualité "à celui ou à ceux sous le nom de qui l'oeuvre
est divulguée". Définition très large qui exclue volontairement toute
notion artistique pour accorder protection des droits à tous ceux qui,
professionnels ou non, éditent des oeuvres. Là encore, les oeuvres sont
protégées "quels qu'en soient le genre, la forme d'expression, le mérite ou la destination".
Selon une étude dévoilée par Yahoo et rapportée par NetEco, "près de 71% des internautes de 16 à 34 ans se déclarent prêts à produire leur propre contenu sur le web et 37% d'entre eux se disent également disposés à compléter sur internet les informations proposées par les médias classiques". En décembre, Médiamétrie nous apprenait
que 2,3 millions de Français, soit un internaute sur 10, avait déjà
créé son blog, et que près de 30% des internautes français les lisent !
AgoraVox, le
journal citoyen français, compte déjà plus de 7000 articles en moins
d'un an d'existence, écrits par plus de 2000 internautes. En Corée, OhMyNews
compte environ 40.000 rédacteurs avec un lectorat qui dépasse le
million de lecteurs quotidiens, et une influence telle que le journal
citoyen (écrit par des bloggeurs) est réputé avoir participé à
l'election du Président Roh Moo-hyun, qui lui a même accordé sa
première interview ! En musique, Jamendo distribue librement plus de
600 albums, 500 concerts, et 6000 titres de plus d'un millier
d'artistes. Tous prétendent à la protection du droit d'auteur, et la
plupart ont une conception du droit d'auteur bien différente de celle
des titulaires historiques de Droit, que Joël de Rosnay et Carlo
Revelli nomment les "infocapitalistes".
Il faut donc prendre avec beaucoup de recul les déclarations de
soit-disant "représentants des auteurs" qui prétendent que la loi
protège "les auteurs". Ils protègent une certaine catégorie d'auteurs,
qui ne sont plus ceux d'aujourd'hui, et seront de moins en moins ceux
de demain...
février 21, 2006 dans Témoignages pronétaires | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack
La révolte du pronétariat |
Critique du livre par Genium.
Joël
de Rosnay est un scientifique qui a travaillé dans le prestigieux MIT,
et fut dès 1974, l’un des premiers utilisateurs du réseau, qui
s'appelait à l'époque... Arpanet. J’ai débuté la lecture de son dernier
bouquin: La révolte du pronétariat : Des mass média aux média des masses; il y décrit très justement la société telle qu'elle se dessine sous l’influence des technologies de la relation. Il a
compris qu'Internet est un écosystème informationnel; nous y baignons
et tout y passe: infos, radios, TV, musique... J'avoue être séduit par
sa vision qui s'inscrit dans une gestion de l'abondance qui caractérise notre société; à
l'opposé du modèle de la gestion de la rareté entretenu
artificiellement par les infocapitalistes, qui fonctionnent encore
selon un mode pyramidal de diffusion de l'info (l'image par les grandes
TV, le son par les grandes radios, l'info par les grands groupes
d'édition, la voix par les opérateurs, la pub par les grandes agences,
la musique par les majors...). Or, comme le dit Joël de Rosnay, nous
sommes tous des capteurs d'infos et susceptibles d'être une véritable
source d'informations. Les consommateurs se transforment en
"consom-auteurs" qui peuvent apporter leur force de "travail numérique"
avec des outils pro. Et la convergence des ces outils semble permettre
donc à tout un chacun d'émettre, de recevoir, de créer...
J'adhère
à cette vision, car on est plus dans la gestion de la rareté mais dans
celle de l'abondance, par nature rémunératrice: plusieurs millions de
personnes téléphonaient gratuitement avec Skype... qui fut ensuite
racheté une fortune par eBay. Ils développent une équation à 3
inconnus: Flux + Buzz = Bizz. L'exemple n'est pas idéal, mais
c'est un peu le principe des soldes: certains magasins arrivent à
réaliser leur chiffre d'affaire annuel dans cette période en profitant
du trafic qu'il génère... En gros, mieux vaut toucher 90% des ventes
d'un produit vendu à 10 centimes à des millions d'exemplaires que de
toucher 10% des ventes d'un produit vendu 10 euros vendus à quelques
milliers d'exemplaires... L'idée est de générer du flux sur un site fun
et gratuit; cela fait forcément jaser et participe à son succès de
manière exponentielle, le tout étant ensuite d'arriver à vendre des
services personnalisées à très faible prix mais en quantité énorme...
Le modèle me semble vraiment génial Pas
d'investissement en amont puisque les pronétaires possèdent déjà un
ordinateur et une connexion internet; et pas besoin de marketing en
aval forcément inutile. Dans ce modèle, la promotion, le marketing est
automatique et gratuit. Du coup, les marges sont tout simplement
énormes Les premiers 150 000 pronétaires signataires de la pétition EUCD Info se sentent tout particulièrement concernés par l'analyse de Monsieur de Rosnay...
Etendre
ce modèle à la culture implique de réinventer le droit d'auteur! Les
technos de la relation comme les définit Joël de Rosnay est un
formidable levier qui offre une telle visibilité forcément très
rémunératrice... Mais ceci, les infocapitalistes ne le comprennent pas,
car ils fonctionnent selon des reflexes pyramidaux
février 19, 2006 dans Revue de blogs | Permalink | Commentaires (3) | TrackBack
Agoravox peut-il concurrencer les grands médias du Web ? |
Le site, passé de 90 000 visiteurs uniques en septembre 2005 à plus de 250 000 en début d'année, connait un succès considérable. La V2 lancée en janvier 2006 annonce la couleur : « Une » avec photo grand format, dessin du jour, dossiers sur des sujets sensibles, revue de presse Web, mise en avant des auteurs les plus lus… À y regarder de près, Agoravox a désormais tout d’un média grand public.
Lorsque j’ai vu pour la première fois la V2 d’Agoravox fin janvier, j’avoue avoir été impressionné par les couleurs pastel, la clarté de la charte graphique, la pertinence de l’organisation du site. Il y a indéniablement une volonté professionnelle et ambitieuse dans ce nouveau média. Le journal citoyen de Joël de Rosnay et Carlo Revelli met enfin les possibilités participatives du Web au service d’un grand projet lié à l’actualité. Le site agit comme un fédérateur pour des milliers de Blogs qui y trouvent une tribune providentielle pour attirer du trafic sur leurs pages. Mais c’est aussi l’occasion pour de nombreux journalistes ou acteurs de la société civile de s’exprimer librement, sans les contraintes et les limites inhérentes aux entreprises de presse « officielles ». On ne peut s’empêcher de faire un parallèle entre Agoravox et Wikipedia, l’encyclopédie libre du Web. Contenus différents, objectifs différents, mais logique identique : créer un média libre autocontrôlé et bénéficiant d’un réservoir de participants dont les limites théoriques se situent au niveau du milliard d’individus connectés à Internet dans le monde.
Les médias d’actualité sur le Web en France : petit récapitulatif non exhaustif
Parmi les médias traditionnels, LeMonde.fr, le site du journal Le Monde, maintient sa position de leader avec 4,9 millions de visiteurs uniques en novembre 2005 (Xiti). Le site, dirigé par le tandem, Bruno Patino (Président) et Yann Chapellon (Directeur Général) depuis bientôt 6 ans, a su s’adapter aux dernières technologies et propose à ses abonnés de créer leur blog aux couleurs du journal. Par ailleurs, le site met à disposition des flux RSS ciblés pas séquence (cependant leur fonctionnement semblait encore délicat en janvier 2006). Les autres sites de journaux d’information généralistes ont des audiences plus modestes, 941 000 visiteurs uniques pour Libération (qui propose aussi la création de Blogs et de flux RSS) et 848 000 pour le Figaro en décembre 2005 (Flux RSS disponibles également), selon Médiamétrie. Face à eux, on trouve les sites issus des médias audiovisuels, TF1.fr, France2.fr et France3.fr et des radios, radiofrance.fr, RTL.fr, dont la part de la fréquentation liée à l’actualité reste difficile à évaluer. En effet, ces sites proposent aussi des jeux, des informations sur leurs programmes et des pages dédiées à leurs émissions. La presse magazine se défend bien avec environ 1,2 millions de visiteurs pour Nouvelobs.com et les sites du groupe l’Express-L’Expansion. Mais pour l’instant, la concurrence vient surtout de Yahoo ! et de Google News qui ont l’énorme avantage de ne pas avoir à assumer les coûts de production d’un contenu qu’ils récupèrent chez une multitudes de petits et grands éditeurs du Web. Leurs rapports sont tendus avec les médias traditionnels présents sur le Web et l’association mondiale des journaux, basée à Paris, vient de mettre en place un groupe de travail destiné à étudier les moyens de faire pression sur Google, accusé de vouloir générer du trafic sur le dos des producteurs d’information. Suite au lancement de Google News, Le Monde et Les Echos avaient d’ailleurs demandé à ce que leurs articles ne soient pas indexés par le moteur de recherche, avant qu’un accord ne soit finalement trouvé.
Les médias participatifs déboulent donc dans l’arène de l’actualité et Agoravox constitue un porte-avions de première classe. Bien sûr, les critiques se font acerbes, criant aux risques de dérives et de manipulation, mettant le doigt sur le manque de contrôle qui conduirait inévitablement selon eux, à sacrifier la qualité sur l’autel de la quantité. Mais d’autres ont déjà crié au loup à propos de Wikipedia, et Nature a remis les choses en place en démontrant que l’encyclopédie libre pouvait tenir la comparaison avec la sacro-sainte Encyclopedia Britannica. D’ailleurs, pour éviter d’être la cible d’intentions malveillantes qui cherchent à les discréditer, les sites participatifs renforcent au fur et à mesure la surveillance de leur contenu en la confiant aux utilisateurs les plus fiables et les plus réguliers… Point délicat puisque finalement, cela risque de réintroduire une gestion pyramidale et hiérarchisée de l’information alors que la valeur ajoutée du modèle réside dans sa liberté d’expression.
Quoi qu’il en soit, force est de constater qu’avec le journalisme citoyen, le journaliste professionnel perd de facto son monopôle d’informateur du peuple. Désormais, chaque individu est un intermédiaire possible entre l’information et le village planétaire cher à Mac Luhan, devenant un média de masse à lui tout seul. Mais gardons-nous d’aller trop vite. Les médias traditionnels conservent pour l’instant la primauté lors des grands évènements comme les conflits ou les élections. Ainsi, le 21 avril 2002, c’est devant la télévision que nous avons appris la débâcle de la Gauche à 20 heures et il en fut de même pour la grande majorité d’entre nous lorsque sont survenus les attentats de Londres ou de Madrid. C’est ensuite, après avoir pris acte des évènements devant le petit écran, que nous nous sommes rués sur Internet pour en débattre et obtenir des précisions.
Mais sur le Web, Agoravox est un concurrent crédible des grands médias car il réunit gratuité et originalité de l’information, ce que ne peuvent faire ni les portails qui ne produisent pas de contenu, ni les médias traditionnels, qui paient très cher celui qu’ils éditent. L’enjeu du journalisme citoyen se situe au niveau de la qualité de l’information qui doit demeurer comparable avec celle des médias traditionnels pour instaurer une crédibilité. À court terme, Agoravox se place donc en média complémentaire, il n’a pas vocation à remplacer les grands médias qui ont « pignon sur rue » et pour lesquels une large partie de la population voue, à tort ou à raison, une véritable croyance. Mais à moyen terme, nul doute qu’Internet continuera à grignoter des parts de marché sur les autres médias. D’autant qu’avec le haut débit, fixe et mobile, le réseau permet désormais la publication de contenus audio et vidéo consultables « en streaming » par une grande partie des internautes, et cela quasiment sans frais de production et de distribution. Il suffit d’ailleurs de voir les podcasts en « Une » d’Agoravox pour s’en convaincre. Média convergent, Internet intègre au fur et à mesure les autres médias.
Dans son livre La Révolte du pronetariat, Joël de Rosnay annonce la fin des « mass media » et le début de l’ère des médias de masse. Jean François Fogel et Bruno Patino posent la question dans Une presse sans Gutenberg de savoir si Internet est un média de masse ou plutôt « un média sans masse, instantané ». Délicate interrogation. Ce qui semble clair, c’est que dans les prochaines années, les dirigeants des grands médias ont intérêt à ne pas être trop « à la masse » vis-à-vis d’Internet et à prendre en compte la nouvelle donne annoncée par le journalisme citoyen.
Lionel Barbe (Les enjeux de la société de l'information)
février 15, 2006 dans Révoltes pronétaires | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack
Une nouvelle façon de s'informer, de consommer grâce à la révolte du proNétarat... |
Critique du livre par David Abiker (France Inter).
Avec Marx et Engels, on connaissait la révolte du prolétariat... Mais aujourd’hui, nous vous parlons des pronétaires avec un "N"…
"La révolte du pronétariat", c’est le titre d’un livre de Joël de Rosnay et de Carlo Revelli... C’est quoi le "pronétariat" ?... Eh bien, ce sont ces millions d’internautes qui ont changé leur façon de s’informer, de consommer, de téléphoner ou d’écouter de la musique... Quant à la révolte, Joël de Rosnay la décrypte pour nous... Ecoutez...
Le premier chapitre s’intitule "Pronétaires de tous les pays unissez-vous !"... Je vous rassure, il n’y a que le vocabulaire qui est marxiste... Ce qui intéresse les auteurs, ce n’est pas la lutte des classes mais plutôt la remise en cause des médias traditionnels par les internautes... autrement dit, les "pronétaires" avec tous les changements qui vont avec...
Joël de Rosnay et Carlo Revelli font la liste de ces changements... D’abord l’information : les pronétaires s’informent sur Internet mais ils sont aussi des producteurs d’information, grâce au blog... Ensuite, la consommation : les pronétaires consomment autrement... C’est la révolution de la gratuité ou des prix bas, comme pour le téléphone ou la musique... C’est encore une révolution politique avec des rapports de force avec les pouvoirs traditionnels…
Ils expliquent aussi que c’est la manière de produire des objets qui peut changer grâce à Internet...
On savait déjà qu’avec Internet, un chirurgien pouvait opérer à
distance... Joël de Rosnay annonce la fabrication à distance avec des
imprimantes en trois dimensions... Jusqu’à présent on ne pouvait
imprimer que des photos en deux dimensions... Eh bien, aujourd’hui, il
existe des machines qui fabriquent à l’aide de résine des objets en
trois dimensions... La liaison entre Internet, le PC et les
micro-usines personnelles ouvrira des possibilités inimaginables,
explique Joël de Rosnay...
Aujourd’hui, ces imprimantes 3D coûtent cher mais demain, elles seront
portables et trouveront des applications dans les foyers, les petits
ateliers et mêmes les garages...
Mais est-ce qu’Internet ne nous réserve pas un monde un peu trop homogène ?...
C’est ce qu’on croyait au départ mais le livre explique que la toile est le reflet de la variété du monde... Là où on pensait qu’Internet homogéniserait la culture, et n’utiliserait qu’une seule langue comme l’anglais, on s’aperçoit qu’il existe des milliers de cybertribus, dans toutes les langues avec chacune ses habitudes et ses références... Et Joël de Rosnay de comparer Internet à une sorte d’organisme vivant... Il explique que cet organisme produira dans une dizaine d’année ses propres anti-corps... Il s’autorégulera, produira ses propres systèmes antivirus et pourrait bien prendre son indépendance...
Et c’est ce risque qu’il faut anticiper... C’est la conclusion de ce livre sur "la révolte du pronétariat" : canaliser la révolte pour en capter l’énergie et la créativité !...
février 15, 2006 dans Revue de presse | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack