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Livre : la révolte du pronétariat

Critique du livre par Paris Neuvième.

Réfléchir sur le processus de développement d’Internet et de ses conséquences sur nos vies quotidiennes est une tache difficile en ces temps où la technologie évolue rapidement et devant laquelle la plupart des utilisateurs restent encore inexpérimentés. Pourtant Joël de Rosnay avec la complicité de Carlo Revelli s’y est attelé et ils viennent de publier un livre au titre évocateur : la révolte du pronétariat, des mass média aux média des masses.

 

Le néologisme « pronétariat » vient de l’adjonction de "pro" (être pour), "net" (Internet) et comme les auteurs y voient une nouvelle catégorie de population, le tout se résume en "pronétariat" tout comme Marx parlait du prolétariat. La seule différence, mais de taille, est que le vieux Marx raisonnait en termes de classes sociales, alors que manifestement cette nouvelle appellation ne peut pas être vue en ces termes.

 

Le livre conceptualise certains aspects du comportement des internautes notamment en ce qui concerne les nouvelles approches de l’information mais aussi donne des explications claires sur les différentes technologies utilisées portant souvent des noms barbares tels que « fil RSS, podcast, wifi, Skype, etc. … ». Il analyse les pratiques, les utilisations de ce nouveau mode de communication en comparant les évolutions du réseau à ce qui se passe dans le cerveau de chacun, un maillage aux possibilités de connexion dont on ne connaît pas encore les limites. Il en regarde aussi avec attention les conséquences notamment celles liées à la publication d’information par des sources autres que les traditionnelles comme la presse par exemple. Pour eux, c’est tout un système qui se voit remis en cause, d’abord par la relative simplicité d’utilisation des outils par tout un chacun, comme les blogs par exemple, mais aussi par la puissance de diffusion qui est offerte.

Il n’est pas faux de remarquer, même si cela n’est pas dit dans le livre, que d’une attitude passive devant l’information (on prend son journal ou regarde le 2Oh comme ils sont proposés) on va sans doute passer à une attitude proactive, l’information étant mise à disposition sur les sites web ou les blogs, et chaque internaute ira chercher celle qui lui plait. En ce sens, nous pouvons parler d’une révolution.

 

Au stade où nous en sommes, il serait risqué de tirer des conclusions définitives sur la question. Certains y voient un phénomène de mode passager, d’autres simplement un phénomène marketing, nous verrons bien. Sans être lui-même révolutionnaire, le livre a le mérite d’expliquer beaucoup de choses et de fournir des pistes de réflexion à ceux que le sujet intéresse.

janvier 31, 2006 dans Revue de blogs | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack

Tous journalistes ?

Emission de Patrick Chompré, RFI.

Forums, « chat », « wikis », « blogs » : aujourd’hui, chacun peut non seulement consommer de l’information mais aussi en produire.

Qu’est ce que cela change vraiment ? Est-ce la fin des médias traditionnels ? D’autres pouvoirs sont-ils en train de naître sur les millions de blogs qui existent aujourd’hui ?

Avec Dominique Cardon, sociologue spécialisé dans les blogs et Joël de Rosnay, scientifique et auteur de La révolte du pronétariat édité chez Fayard.

janvier 30, 2006 dans Revue de presse | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack

De Rosnay et le pronétariat

Critique du livre par Jean-Pierre Cloutier.

L’ouvrage de Joël de Rosnay La révolte du pronétariat : Des mass média aux médias des masses, écrit en collaboration avec Carlo Revelli et publié chez Fayard, est un de ces livres pluriels dans lequel tout le monde trouvera son compte. Il s’articule autour de la théorie selon laquelle «S’organisant en une seule entité, le Web peut faire émerger une intelligence et même une véritable conscience collectives. Il met ainsi en question les relations de pouvoir verticales qui régissent aujourd’hui les sphères de l’économique et du politique.[...] il devient en fait un outil puissant entre les mains des citoyens pour faire naître une économie et une démocratie nouvelles.» L’aspect pluriel vient de ce que de Rosnay appuie son propos sur une perspective historique tirée de son observation de longue date des phénomènes réseaux, qu’il décrit pour les néophytes certaines technologies d’émergence récente, et que sans tomber dans une prospective péremptoire il décrit ce que pourrait être l’effet à long terme d’Internet sur une bonne partie de la population de la planète.

Je ne m’attarderai ici que sur deux points du livre, soit l’état des lieux d’Internet en ce moment, et l’éventuelle conscience collective qui transformera les relations de pouvoir.

Doit-on vraiment parler de Web 2.0? Personnellement, cette notion m’irrite un peu, et je fais partie de ceux qui croient que «les contours de cette nouvelle nouvelle économie demeurent encore flous et l’on pourrait craindre d’être en présence de l’énième terme à la mode» et que «à ce jour, il n’y a pas encore de véritable révolution technologique» pour justifier une balise comme 2.0, et que «les applications sont développées de manière à favoriser l’essor de nouveaux usages inédits, souvent collectifs, de la part des pronétaires». (p. 182).

Je soumettrais que si l’on perçoit un nouvel intérêt pour les applications Web, c’est que nous sommes en présence d’une convergence (au sens de tendre vers un même résultat) où les notions de convivialité et d’expérience sont indissociables. Il est vrai que les applications Web sont de plus en plus conviviales et attrayantes, à preuve les blogues, les services de partage de photos, les services transactionnels, etc. Cependant, on oublie souvent être en présence d’une clientèle réseaucentrique de plus en plus expérimentée. Si on se rappelle l’époque où le nombre d’abonnés à un accès Internet doublait à tous les ans, il fallait donc se rendre à l’évidence : à tout moment, au moins la moitié de la clientèle possédait moins d’un an d’expérience du réseau et des outils, et faisait prudemment ses premiers pas dans la découverte de ce nouvel univers.

Or, depuis que les fournisseurs d’accès ont «fait le plein», les utilisateurs sont de plus en plus expérimentés, maîtrisent mieux les outils, et sont donc plus susceptibles d’essayer et d’adopter des modes de communication évolués. J’ajouterais que la croissance se fera désormais chez les jeunes (démographie oblige) et dans les collectivités jusqu’alors privées de services efficaces ou à haut débit. Dans les deux cas, ces clientèles adopteront d’emblée les services proposés. Mais de là à planter la balise 2.0, il y a tout un pas. D’ailleurs, l’origine de l’expression Web 2.0 est attribuable à Dale Dougherty, v.-p. de O'Reilly and Associates (un éditeur de livres), et à MediaLive International (organisateur d’événements), qui l’ont proposé comme terme «vendeur» pour un série de conférences. Le terme n’est donc qu’un slogan de marketing.

Il est intéressant de lire de Rosnay au sujet de l’intelligence collective et du micro-organisme planétaire (chapitre 7). «Le développement d’Internet rappelle certains des principes fondamentaux mis en oeuvre par l’évolution biologique[...] La leçon que nous apporte la biologie est la suivante : la complexité émerge de la dynamique des interactions entre agents, qu’il s’agisse de molécules, de fourmis ou d’acheteurs dans un marché. Des propriétés nouvelles émergent de cette collectivité organisée. L’individu n’a pas de plan d’ensemble de la structure qu’il construit “de l’intérieur”. Les propriétés de ces systèmes complexes ne sont en aucun cas programmées dans les éléments qui les constituent. La vie, la conscience réfléchie, l’économie, Internet, naissent de manière chaotique, de la dynamique des interactions.»

La théorie n’est pas nouvelle (voir The Global Brain: speculations on the evolutionary leap to planetary consciousness, Houghton Mifflin, Boston, MA, 1983), mais de Rosnay a le mérite de la décrire plus qu’adéquatement et d’en déterminer les modes d’application. Que les acheteurs dans un marché soient des agents interactifs contribuant à une dynamique, l’idée a déjà été cité dans le Manifeste des évidences (Cluetrain Manifesto, 1999).

En 1995, j’ai rencontré à l’occasion d’une conférence à Hull le théoricien Gottfried Mayer-Kress qui me parlait alors de ce «cerveau global» (voir The Global Brain Concept). Pour que la théorie se vérifie, il faudrait d’abord atteindre une masse critique d’utilisateurs de quelques milliards (idéalement dix milliards). Une fois cette masse atteinte, la dynamique entre les «neurones» de ce cerveau planétaire permettrait de s’attaquer efficacement à des problèmes collectifs. Et dans un sens, la planète deviendrait auto-gérée. On est loin du compte, il faudrait d’abord songer à procurer de l’eau potable à la moitié de la population de la planète qui n’y a pas accès. Puis n’y aurait-il pas des lobes prépondérants dans ce cerveau en fonction des cultures, du revenu, de la scolarité, de la langue?

À cet égard, de Rosnay est optimiste, voire rassurant. «Tout le monde craignait l’avènement d’un monde de communication unifié (avec le satellite, le téléphone, le portable et Internet) qui aurait eu pour langue dominante l’anglais. On assiste au contraire à l’émergence d’un monde tribal, avec des valeurs et des cultures propres.[...] Certes, les plus grands sites sont anglo-saxons, en particulier américains.[...] Mais dans tous les pays du monde, des communautés Internet devenues très populaires se sont créées dans leur langue d’origine.» (p.p. 197, 198).

Et sa conclusion laisse place à l’ouverture : «Bien au-delà de ce qu’on appelle aujourd’hui “l’opinion publique”, que mesurent régulièrement les sondages, et bien au-delà de ce que Jung, après Freud, appelait la “conscience collective”, on voit émerger une “coconscience collective réfléchie”.[...] Cette coconscience collective peut rester en lutte en son sein et donc devenir schizophrène. Elle peut aussi allier des ressources autour de grands desseins pour l’humanité. Dans ce cas, reste à savoir lesquels...» (p. 213).

janvier 29, 2006 dans Revue de blogs | Permalink | Commentaires (1) | TrackBack

Pronétaires de tous les pays...

Critique du livre par Etudiant humanitaire.

Joël de Rosnay publiait en 1975 "Le Macroscope" qui fut mon livre de chevet sur la systémique au cours de mes vraies années étudiantes où je potassais l'informatique.
30 ans plus tard, Le Monde publie l'intégralité d'un débat entre ce même Joël de Rosnay et des internautes sur le thème : Internet, dix ans de révolution. Toujours aussi friand de néologismes il livre ce qu'il entend par pronétariat et prescrit à chacun une saine diététique pour faire face à l'abondance informationnelle du Net.

Demain, direction Créteil pour la reprise des cours.
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L'intégralité du débat du vendredi 27 janvier 2006 avec Joël de Rosnay, auteur de « La révolte du pronétariat : des mass média aux média des masses ». (Fayard, 2006).

Biographie de Joël de Rosnay.

janvier 29, 2006 | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack

Eloge de la méfiance : apprendre à vivre entre vérité et mensonge...

En raison du « bombardement informationnel » que nous vivons tous les jours, il est plus que jamais indispensable d’exercer la plus grande prudence vis-à-vis des informations que l’on nous communique, même si celles-ci proviennent de sources proches ou fiables. En effet, en dehors des cas de manipulation flagrante ou volontaire, personne n’est à l’abri d’informations fausses, même si elles paraissent vraisemblables. La prolifération des médias et des sources d’information, ainsi que la difficulté liée au processus de « fiabilisation », font que désormais n’importe qui, même en toute bonne foi, peut-être un vecteur de désinformation.

Avec les informations colportées par Internet, le phénomène a atteint son paroxysme. Idéalement il faudrait être « méfiant » vis-à-vis de toute information disponible sur le Web et disposer d’outils et de méthodes pour en vérifier la fiabilité et la pertinence. Ceci n’est pas toujours ni réaliste ni réalisable. La profusion d’informations actuelle est telle que personne n’est réellement en mesure de vérifier l’authenticité des faits et des événements.

Quand un fournisseur annonce, par exemple, qu’un produit n’existe plus, il ne dispose pas toujours du temps ou de la motivation pour vérifier ses dires. De la même manière, si un revendeur informatique annonce que telle carte vidéo est incompatible avec votre ordinateur, il est nécessaire de s’en assurer sur Internet. Les combinaisons informatiques étant quasiment infinies il est souvent impossible d’asseoir de telles informations sans vérifier.

Au-delà des entreprises, ce qui va donc révolutionner les comportements individuels sur Internet, c’est justement cette « attitude de veilleur ». Elle consiste à garder les yeux ouverts pour se cultiver et s’enrichir à tout niveau : que ce soit pour dénicher une information inédite, vérifier une rumeur, enrichir ses connaissances, forger ses croyances, comparer les prix d’un livre, identifier le chirurgien qui a mis en place la dernière technique pour soigner une maladie rare...

Cela dit, avoir un accès illimité aux informations ne signifie pas pour autant « disposer d’un accès automatique au savoir » et, par conséquent, cela n’entraîne pas à coup sûr un « enrichissement personnel ».

Carlo Revelli

Ce billet est dédié à la mémoire de mon père qui me répétait sans cesse deux dictons italiens qu’à tort je n’ai jamais trop crus de son vivant : « fidarsi è bene, non fidarsi è meglio » (« faire confiance c'est bien, ne pas faire confiance c'est mieux »), « Ricordati che in questo mondo, ci sono due tipi di persone : quelli che ti fregano, e quelli che si fanno fregare… Cerca di non farti fregare troppo… » (« Rappelle-toi que dans ce monde, il y a deux types de personnes : ceux qui t’arnaquent et ceux qui se font arnaquer… Essaie de ne pas trop te faire arnaquer… »)  :-)

janvier 27, 2006 dans Pourquoi ce livre | Permalink | Commentaires (1) | TrackBack

N'éliminons pas les journalistes

La révolution de la diffusion de l’information annoncée grâce aux blogues, wikis, podcasting et aux moyens de réception plus personnalisés (RSS) occulte un phénomène préoccupant : là où la liberté d'expression est telle l'air que l'on respire machinalement, la pollution commerciale menace l'indépendance journalistique. Ailleurs dans le monde, la situation est au pire catastrophique, au mieux préoccupante.

Essayez d'intéresser votre entourage à ce que vous avez lu, vu ou entendu hier soir sur le Web. Ils vont vous écouter, poliment, cherchant désespérément du regard le collègue avec qui ils pourront échanger sur les vraies choses de la vie, celles qu'ils auront apprises dans le journal ou, surtout, à la télé.

Beaucoup moins limité que les médias traditionnels, le Web permet de contourner le barrage informationnel. Mais l'accès plus universel à l'information signifie-t-il pour autant que nous pouvons nous passer de professionnels aptes à livrer une information journalistique ? Chacun son métier. Celui de journaliste peut s'imiter ; il ne s'improvise pas.

La presse du monde tant libre que non libre, religieuse ou civile, partisane ou non partisane, et le journalisme sont tels un vieux couple. La liberté de l'une, lorsqu'elle existe, celle de la presse, n'est pas forcément celle de l'autre, celle du journaliste. Méditez sur cette nuance.

Certes, il y a encore « une presse indépendante », autre nuance à méditer, mais la concentration des médias est telle que de très grandes entreprises de la presse dite libre dominent ce que les gens voient, entendent et lisent.

Les médias du monde libre ne parviennent plus, ou ne le font que peu, à exercer leur mission d’informer. Nous assistons à une élimination en douce de l’indépendance journalistique qu’assuraient jadis les salles de rédaction. Ce qui rapporte remplace ce que l’on rapporte. Pendant ce temps, les journalistes de l'autre monde vivent sous la crainte constante d'être emprisonnés, quand ce n'est carrément éliminés. Qui s’en soucie vraiment ?

Partout, la disparition des professionnels du traitement journalistique de l'information – au profit d’amateurs plus ou moins éclairés – serait un recul dont ne profiteraient que ceux qui n'ont aucune morale quand vient le temps de s'enrichir.

Les citoyens qui publient et qui échangent dans des réseaux plus ou moins formels, faisant circuler faits et idées, posent un défi aux médias traditionnels, mais souhaitons que ce ne soit pas le défi de leur existence même.

C’est en se situant dans une logique de complémentarité d’information, plutôt que de substitution, que les citoyens reporters maintiendront les médias traditionnels sur le qui-vive, et les forceront à respecter l’indépendance journalistique, pour conserver leur crédibilité, la seule carte du jeu de l’information qui les empêchera de disparaître.

Par Michel Monette

janvier 27, 2006 dans Témoignages pronétaires | Permalink | Commentaires (2)

Internet, dix ans de révolution

Chat avec Joël de Rosnay, Le Monde.


Guigui : Qu'est-ce que le pronétariat ?
Joël de Rosnay :
J'ai créé ce terme par référence au célèbre prolétariat. J'ai construit ce mot à partir du Net, les pronétaires étant ceux qui sont pour et sur le Net. J'ai voulu ainsi montrer la montée de ce que j'appelle les médias des masses, qui s'opposent aujourd'hui aux mass media. Il y a aura certainement une complémentarité entre les deux dans l'avenir, mais aujourd'hui, deux modèles économiques s'affrontent. La création de ce terme et sa signification exacte sont décrites sur le blog du livre : www.pronetariat.com.

Christian_Pradel : Le champs des connaissances culturelles sera abordable pour tout et à chacun. Mais comment dans ce dédale de productions, acquérir le discernement permettant de mesurer toute cette étendue de savoir et ne pas tomber dans la dilution du savoir, voire la démesure ?
Joël de Rosnay :
Le risque, effectivement, est une sorte d'info-pollution. Trop de mails à lire, trop de blogs, trop de sites web intéressants, à quoi il faut ajouter le spam, les messages téléphoniques, les sms... Et la culture dans tout ça ? D'où l'importance de ce que j'ai appelé précédemment une "diététique de l'information". Face à la pléthore alimentaire, en tout cas dans les pays riches, on doit se modérer et pratiquer la diététique pour rester en bonne santé. Il me semble en être de même pour notre santé mentale. Nous devons pratiquer la diététique de l'information. Et pour cela, connaître les méthodes, les filtres, les moyens d'acquérir des connaissances en donnant du sens à sa vie personnelle et professionnelle. C'est une pratique essentielle pour survivre à la société de l'information et à la civilisation du tout-numérique.

"DE LA GESTION DE LA RARETÉ, À LA GESTION DE L'ABONDANCE INFORMATIONNELLE"

Bj : Quelles sont les caractéristiques de ces deux modèles économiques ?
Joël de Rosnay :
Depuis 50 ans, nous vivons sous la pression des mass media : l'image avec la télévision, le son avec la radio, le texte avec l'édition et les journaux, les téléphones avec les opérateurs, la publicité massive un peu partout. Les modèles économiques des mass media se réfèrent à ceux de la société de l'énergie et des matières premières, c'est-à-dire l'économie d'échelle pour une production de masse, des réseaux de distribution massifs et des consommateurs inconnus qui partent avec leurs produits et qu'on ne peut plus suivre.
En revanche, les médias des masses, qui s'appuient sur les blogs, le téléphone gratuit de type Skype, les wikis, le podcasting, les journaux citoyens, s'appuient sur un modèle économique qui n'est plus celui de la gestion de la rareté, mais de la gestion de l'abondance informationnelle typique de la société de l'information par rapport à celle de l'énergie. Ces nouveaux modèles économiques se fondent sur l'équation suivante : flux plus buzz = bizz (business !). Il s'agit d'attirer des internautes sur des sites gratuits et "fun". Cette foule crée des opportunités de personnalisation des services, selon le principe qu'il vaut mieux vendre 10 centimes d'euro un service à 10 millions de personnes que 100 euros à 1 000 personnes, avec d'importants frais de marketing et des investissements logistiques. Cette personnalisation crée des consommateurs capables de faire le marketing et la publicité des services ainsi produits. C'est le buzz. Ainsi s'amorce un cercle vertueux qui permet aux producteurs de médias de masse d'équilibrer leurs charges et parfois d'engranger des revenus.

Christian_Pradel : D'après les données à votre disposition, est-ce vrai qu'il y a une montée très rapide de l'investissement économique publicitaire visant les Blogs, Wiki, .... ?
Joël de Rosnay :
On s'aperçoit aujourd'hui qu'une partie très importante du budget publicitaire des grands annonceurs commence à s'orienter vers ce que l'on appelle la "nanopublicité", c'est-à-dire des messages promotionnels dans des niches utilisées par les pronétaires sur les différents supports les plus répandus. Par exemple sur les blogs, certains grands annonceurs internationaux ont déjà compris qu'ils représentaient un support publicitaire intéressant. Par ailleurs, les journaux citoyens ou plutôt, comme je préfère les appeler, les médias du journalisme collaboratif, fonctionnent souvent sur la base de messages publicitaires. C'est le cas d'agoravox.com, journal collaboratif que j'ai lancé avec Carlo Revelli en mai 2005 et qui compte aujourd'hui 300 000 lecteurs par mois, 15 à 20 000 par jour selon les articles, et qui reversera une partie importante de ses revenus publicitaires aux rédacteurs et aux blogueurs habituels du journal.

Emilie81 : Comment pratiquer la diététique de l'information ?
Joël de Rosnay :
Pour pratiquer la diététique de l'information, voici quelques règles simples qui reposent surtout sur la gestion de son temps.
1) connaître et sélectionner les bonnes sources d'information ;
2) savoir utiliser les moteurs de recherche les plus performants et surtout, les dossiers qu'ils proposent en plus des sites référencés par un seul mot-clé ;
3) savoir stocker sur son disque dur les informations utiles ultérieurement pour les comparer avec d'autres, s'en servir dans un article, un rapport, etc. Pour cela, utiliser sur son ordinateur des moteurs de recherche comme google.desktop (gratuit) ;
4) avoir un réseau d'informateurs et d'amis, soit par email, soit sur Skype, qui permet très vite de comparer les informations et de les rendre pertinentes ;
5) toujours contextualiser les informations que l'on reçoit pour les enrichir, les confirmer ou les mettre en seconde position.
Avec ces cinq règles, il devient possible de rendre l'information pertinente, mais n'oublions pas qu'elle ne le sera qu'en fonction des objectifs qu'on s'est fixés pour acquérir ces informations.

"LES GRANDS MÉDIAS MENACÉS"

Nicoo : Diriez-vous que les grands medias, comme les grandes chaînes de télévision par exemple, sont ou vont être menacés ?
Joël de Rosnay :
Je pense effectivement que les grands médias traditionnels, les cinq que j'ai cités précédemment, sont menacés, mais contrairement à certains qui ont des positions extrêmes, je pense évidemment qu'ils ne disparaîtront pas. Dans un premier temps, ils critiquent - et on les comprend - les blogs, les "journaux citoyens", la télévision pronétaire en p2p, des encyclopédies collaboratives ou les émissions de radio en podcasting. Ils se réfugient sur leur modèle économique de gestion de la rareté, et même, pour certains, créent la rareté pour forcer les utilisateurs à passer par leur vecteur de diffusion et de distribution. Ceux-là vont connaître des problèmes dans les années à venir.
En revanche, tous les grands des mass media qui ont compris l'importance de la montée pronétarienne des médias de masse et qui les associent à leur production et diffusion d'information et de contenus sous toutes leurs formes sortiront gagnants de cette complémentarité. C'est déjà le cas de grands journaux français, "Le Monde" et "Libé", ou de journaux économiques outre-Atlantique comme "Business Week", qui ont compris qu'une part originale de leurs informations peut venir de blogueurs ou de pronétaires munis de photophone ou de caméra numérique capables de réaliser des reportages de qualité sur le terrain.

Toby : Pascal Lamy a récemment fait une interview-podcast dans laquelle il indique qu'il fera en sorte que l'OMC qu'il préside soit plus présente, plus "communiquante" sur le web et dans la blogosphère pour communiquer avec cette opinion publique mondiale qui a une mauvaise image de l'OMC. Est-ce la réponse de l'establishment au pronétariat des "alter" ?
Joël de Rosnay :
Cela me paraît être une bonne initiative. Pour la rendre encore plus crédible, il faudrait une collaboration plus étroite avec des ONG altermondialistes qui connaissent parfaitement les outils pronétaires et qui pourraient apporter un complément indispensable à la mise en oeuvre d'un tel projet.

Peyu : Pensez-vous que grâce à la technologie les citoyens pourront intervenir de plus en plus dans la gestion de leur ville, pays.. ?
Joël de Rosnay :
Ne l'oublions pas, la technologie ne résout pas les grands problèmes de la société. Ce qui peut éventuellement contribuer à trouver des voies, c'est la réappropriation sociétale des technologies par les citoyens en fonction de leurs besoins, de leurs désirs, de leurs souhaits, voire, parfois, de leurs fantasmes. C'est donc dans ce contexte de réappropriation sociétale que des citoyens d'une ville, des citoyens d'un pays, des pronétaires du monde peuvent contribuer à la gestion politique, économique et sociale de leur territoire, de leur éducation, de leur culture, de leur communication en général.
Le réseau Internet, ses blogs, ses émissions de télévision citoyennes, ses émissions de radio, et surtout ses débats, conférences de consensus, s'ouvrent à ce que j'appellerai une nouvelle forme de démocratie participative, et même, il faut l'espérer, à une co-régulation citoyenne. En effet, les internautes en général, et les pronétaires ne font plus confiance à l'information ou aux réglementations descendantes, du haut vers le bas (top-down) de la pyramide. Ils ne sont pas encore suffisamment mûrs, informés, et solidaires, pour participer à une régulation des réseaux du bas vers le haut de la pyramide (bottom-up). C'est pourquoi la voie la plus efficace de l'utilisation de ces technologies relationnelles pourrait se faire dans le cadre de cette co-régulation citoyenne. Les grands principes étant édictés par les gouvernements et les experts, tandis que la participation de terrain serait faite de manière collaborative par les usagers.

Harelphilippe&aol.com : La propriété intellectuelle n'est-elle pas en danger ?

Yoyo : Êtes vous pour le DADVSI, le projet de loi ?
Joël de Rosnay :
La propriété intellectuelle paraît en danger dans le cadre de l'ancien modèle économique s'appuyant sur la gestion de la rareté telle que je l'ai décrite dans une réponse précédente. La société de l'information conduit à une gestion de l'abondance informationnelle. On n'est plus dans un cadre malthusien, mais dans un effet de synergie. Dans une logique d'amplification autocatalytique de l'information par l'information. C'est dans cette optique qu'il faut considérer l'intérêt des auteurs à faire connaître leurs oeuvres, même par des moyens promotionnels permettant d'accéder à des extraits, voire à la totalité d'oeuvres textuelles, musicales ou audiovisuelles sur une base de gratuité, pour créer du flux, des débats, des discussions, et évidemment, du bouche-à-oreille qui les fera mieux connaître et se répercutera dans des retombées financières indirectes correspondant à la commercialisation traditionnelle d'oeuvres sous droits d'auteur.
Il faut donc comprendre que la vision dichotomique et la logique d'exclusion qui sont souvent mises en avant dans ce genre de débat ne correspondent plus à la complexité du problème posé par la propriété intellectuelle dans la société du numérique. D'où la nécessité de présenter une palette de mesures et des moyens d'accompagnement qui permettent de créer des effets de synergie pour assurer aux auteurs des rémunérations justifiées, mais permettre en même temps à tous les pronétaires utilisateurs d'Internet d'avoir accès à des oeuvres textuelles, musicales ou audiovisuelles
sur une base de très faible rémunération, voire de gratuité, qui, amplifiée par des millions de connexions et de regards croisés, créera une base susceptible de changer radicalement les modèles économiques traditionnels. En résumé, entre la sanction (ce sont tous des pirates) et la licence globale (il n'y en aura jamais assez pour les auteurs), il est indispensable d'inventer, de manière collaborative la plus large possible entre auteurs, industriels, politiques et surtout pronétaires, les nouveaux modèles économiques correspondant à la civilisation numérique de demain.

Christing : Et la vie privée, que devient-elle avec tous les espaces d'échange et de partage sur le Web ?
Joël de Rosnay :
Ce que l'on appelle la "vie privée" sera de plus en plus menacée : traçabilité des usagers par leur téléphone portable, géolocalisation des transactions, analyses par cartes de crédit des différents paiements, cookies et logiciels spécialisés permettant de suivre les internautes à la trace, puces électroniques ou étiquettes intelligentes dans les produits achetés permettant de suivre les comportements des consommateurs, GPS des automobiles permettant de pister les trajets d'un conducteur, etc. Certes, il existera de plus en plus des moyens de se protéger en cryptage de ses conversations téléphoniques ou de ses emails, destructeurs de cookies pour couper les ponts pour ceux qui vous suivent sur votre parcours du Web, etc. Mais de plus en plus, la notion de vie privée, plutôt que d'être un droit, deviendra dans certains cas un compromis négociable. Par exemple, si l'on va sur amazon.com acheter un livre, on est souvent accueillli par une phrase de ce type : monsieur ou madame X, les personnes qui ont acheté le livre que vous venez d'acheter ont également acheté les livres suivants ... Cela peut paraître une invasion de la vie privée, mais cela peut être très utile à un étudiant, un professeur ou un journaliste.
Quoi qu'il en soit, il est absolument indispensable, sur un plan info-éthique, de contribuer à pousser les législateurs à mettre des barrières à l'invasion de la vie privée, un peu dans la même ligne que ce que la bioéthique a permis de faire pour éviter des débordements scientifiques et techniques liés au vivant. Après tout, la France a été un des pionniers dans le monde dans le secteur de la bioéthique et de la protection des informations personnelles, avec la CNIL. Cela me paraît important que notre pays soit à la pointe de la réflexion sur les risques d'atteinte à la vie privée et qu'il soit à même d'écouter les réactions vigilantes des consommateurs ou des pronétaires pour en tenir compte dans la promulgation de réglementations, voire de lois les protégeant.

Oiseau : Cette rareté dont vous parlez n'est-elle pas la base du crédit que les gens portent sur les mass média ? Disparue la rareté, disparu le crédit ?

IA : Ne pensez-vous pas que tout phénomène de masse (ici d'échange) occasionne automatiquement un nivellement par le bas sur la qualité de ce qui est échangé ?
Joël de Rosnay :
Selon la formule célèbre, tout ce qui est rare est cher. Le pétrole se raréfie, son prix augmente. Le diamant et le caviar sont rares, donc chers. Il n'en est pas de même de l'information. Un logiciel, une information largement partagée, sont générateurs de valeur ajoutée. La preuve, les prix auxquels se négocient les bases d'utilisateurs pour les grands systèmes de distribution et de diffusion de produits numériques. C'est ce qu'ont compris au départ des entreprises comme Netscape, qui a mis gratuitement à la disposition des internautes son logiciel de navigation pour engranger indirectement, par la suite, des rentrées financières par les grands portails, ou même par le marché boursier. C'est parce que ces navigateurs étaient partagés par un très grand nombre, et donc qu'ils n'étaient plus rares, qu'ils avaient de la valeur. Il en est de même aujourd'hui pour Skype, téléphone mondial gratuit, qui s'est fait racheter récemment 2,6 milliards de dollars par Ebay, justement parce qu'il était téléchargé par 53 millions d'utilisateurs gratuitement, mais qu'il générait de fabuleuses opportunités de services nouveaux payés à petits prix mais intéressant des dizaines de millions d'utilisateurs.
Cependant, la question est pertinente, parce que face à l'info-pollution, il nous faut distiller l'information de manière à obtenir en haut de la colonne une information rare, pertinente et utile. D'où l'importance des journalistes, médiateurs entre les événements du monde et les utilisateurs qui savent sélectionner, filtrer, commenter, organiser l'information. Il ne faut pas oublier non plus que la rareté d'une information peut valoir beaucoup d'argent. C'est ce que l'on appelle généralement une information d'initié. Bien connue dans les milieux boursiers et sévèrement réprimée, justement pour cette raison.
Quant à la qualité, c'est effectivement un des grands problèmes de la montée des médias des masses, blogs, vlogs ou journaux citoyens. La seule réponse permettant d'ouvrir des voies vers la préservation de la qualité me paraît être le filtrage collaboratif réalisé par les éditeurs bénévoles ou les lecteurs eux-mêmes, comme cela se produit pour les encyclopédies collaboratives gratuites en ligne du type Wikipédia. Le secret est de faire "émerger la qualité" par un processus de vérification à chaque niveau. Un peu comme dans l'industrie automobile, où, sur la chaîne de montage, la voiture totalement assemblée n'est pas testée à la fin pour sa qualité, mais à chaque vis ou à chaque poignée introduite au cours de l'assemblage. Il en résulte que la qualité émerge progressivement de la complexité. C'est le but à atteindre pour assurer par les médias des masses des informations pertinentes et de qualité.

Marabbeh : Quelle est votre opinion sur les brevets logiciels ?
Joël de Rosnay :
Les brevets logiciels relèvent évidemment de la production propriétaire des grands détenteurs de contenus et des grandes entreprises d'informatique, qui se comptent sur les doigts d'une main. Ils ont beaucoup critiqué l'avènement des logiciels collaboratifs de type Linux. Progressivement, ces logiciels dits "ouverts" se sont imposés, non seulement par leur utilité ou leur gratuité, ou leur prix très bas, mais parce que les utilisateurs pouvaient les modifier et les améliorer de manière, justement, collaborative. C'est ce modèle que je décris en détail dans "la Révolte du pronétariat" et qui, comme je tente de le montrer, s'applique à la création de beaucoup de contenus textuels, musicaux ou audiovisuels, à caractère professionnel, de loisir ou éducatif, qui commence aujourd'hui à émerger sous l'effet de la production décentralisée des pronétaires. Voilà un des phénomènes auxquels nous assistons et qui met en cause le principe de la brevetabilité des logiciels qui s'appuie sur un certain nombre de modèles réglementaires datant déjà de quelques dizaines d'années.
Il ne faut pas oublier non plus que les grands détenteurs des programmes les plus utilisés sur les ordinateurs mondiaux assurant leurs bénéfices grâce à des droits de licence et à des mises à jour, combattent farouchement tout ce qui peut ressembler, de près ou de loin, à des logiciels libres et collaboratifs. On voit ici à l'oeuvre le principe de création de la rareté (et même de la mise en oeuvre de sanctions pour ceux qui prônent l'abondance) pour forcer les utilisateurs à passer par leurs vecteurs, rares mais chers, de distribution et de diffusion. C'est pourquoi je les appelle aussi des "vectorialistes" et pas seulement des "info-capitalistes".

Nico_1 : Il y a dix ans, l'Internet était un espace décentralisé, coopératif, libertaire, essentiellement universitaire. Depuis, il y a eu une montée en puissance de l'Internet marchand, des grandes multinationales technologiques. Quel équilibre dans dix ans, selon vous ?
Joël de Rosnay :
L'Internet n'est pas un réseau libertaire comme on l'a cru. C'est une jungle, le reflet virtuel de la société réelle. On y trouve sur les autoroutes de l'information des bandits de grand chemin, des pirates, des "crackers". Dans cette jungle sévit la censure, la désinformation. Des pays entiers bloquent des emails qui contiendraient des mots-clés interdits pour des raisons politiques ou religieuses. D'autres pays espionnent en permanence les échanges d'emails, de téléphone portable, suivent les séries de connexions de certaines personnes sur le Web. Et j'ai parlé de la traçabilité résultant du mariage du téléphone portable, de la monétique, de l'Internet et des satellites. Et ça ne changera pas. Mais en même temps, grâce aux médias des masses, à la révolte du pronétariat contre les détenteurs exclusifs des droits et des contenus, utilisables notamment pour la coéducation de masse, mais restreints pour ceux qui aujourd'hui dans le monde en auraient le plus besoin, on voit progressivement émerger une réaction profonde et intelligente à ce petit nombre de puissants qui régissent les échanges informationnels dans la société du numérique en train de se construire.
Quand on me demande si je suis optimiste ou pessimiste pour l'avenir de l'Internet et des médias des masses face aux mass media, si je crois à la responsabilité citoyenne et à la co-régulation dans le cadre d'une nouvelle démocratie participative, je réponds inlassablement : "ma position est à 50/50. Je suis 50 % optimiste et 50 % pessimiste", ce qui ne répond évidemment à rien. Mais par cette pirouette, je veux démontrer que cet avenir est entre nos mains. C'est la responsabilité humaine qui nous permettra de construire le futur plutôt que de le subir. C'est à nous, internautes, usagers ou pronétaires, de faire évoluer ces 50/50 vers un 70/30 positif pour l'homme, les libertés humaines et l'égalité des chances. Je ne suis pas certain que nous y arriverons, mais ma modeste contribution dans le cadre de ce livre, "la Révolte du pronétariat", est d'indiquer quelques pistes que nous pourrions suivre pour entrer de manière solidaire et collaborative dans une société relationnelle plus responsabilisante dans laquelle nous aurons peut-être besoin de moins d'informations, mais de plus de sagesse.

Chat modéré par Lisa Aliane, Constance Baudry et Eric Nunes

janvier 27, 2006 dans Revue de presse | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack

“la Révolte du pronétariat”: Mais qu’ont-ils donc avec le papier!

Critique du livre par IT, Web, et High-Tech.

Avec Netizen, les specialistes de la “lecture Web” viennent au papier comme les initiateurs de Agoravox (Joël de Rosnay et Carlo Revelli) précusseur du journal citoyen qui sorte egalement en librairie, mais sous la forme d’un livre cette fois: “la Révolte du pronétariat” ou la définition d’un contre-pouvoir internet par les acteurs citoyens (bloggeurs) contre la presse “traditionnelle”…

A lire donc s’il vous reste un peu de temps et si donc Agoravox se décide a filtrer un peu plus sa publication qui devient decidemment trop abondante pour être lu régulièrement (a moins de ne rien faire d’autre)….

janvier 27, 2006 dans Revue de blogs | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack

Internet, dix ans de révolution

Critique du livre par P45.

Joël de Rosnay, auteur de “La Révolte du pronétariat” (Fayard, 2006), était l’invité du chat du vendredi du journal Le Monde. Celui-ci dans un échange avec les internautes parle de vie privée, des mutations des médias, de leur économie, de droit et de justice, des perspectives d’évolution d’Internet.

Passer d’une rareté à une surabondance d’informations est une caractéristique-clé de la société de l’information. Vient le moment ou émerge selon l’auteur une nuance entre ce qu’il appelle les médias des masses et les mass media. Les cinq règles des “pronétariens” pour une écologie de l’information (on s’entend, l’utilisation de Google Desktop est discutable) :

1) connaître et sélectionner les bonnes sources d’information ;

2) savoir utiliser les moteurs de recherche les plus performants et surtout, les dossiers qu’ils proposent en plus des sites référencés par un seul mot-clé ;

3) savoir stocker sur son disque dur les informations utiles ultérieurement pour les comparer avec d’autres, s’en servir dans un article, un rapport, etc. Pour cela, utiliser sur son ordinateur des moteurs de recherche comme google.desktop (gratuit) ;

4) avoir un réseau d’informateurs et d’amis, soit par e-mail, soit sur Skype, qui permet très vite de comparer les informations et de les rendre pertinentes ;

5) toujours contextualiser les informations que l’on reçoit pour les enrichir, les confirmer ou les mettre en seconde position.”

“(…) les médias des masses, qui s’appuient sur les blogs, le téléphone gratuit de type Skype, les wikis, le podcasting, les journaux citoyens, s’appuient sur un modèle économique qui n’est plus celui de la gestion de la rareté, mais de la gestion de l’abondance informationnelle typique de la société de l’information par rapport à celle de l’énergie.

Ces nouveaux modèles économiques se fondent sur l’équation suivante : flux plus buzz = bizz (business !). Il s’agit d’attirer des internautes sur des sites gratuits et “fun”. Cette foule crée des opportunités de personnalisation des services, selon le principe qu’il vaut mieux vendre 10 centimes d’euro un service à 10 millions de personnes que 100 euros à 1 000 personnes, avec d’importants frais de marketing et des investissements logistiques. Cette personnalisation crée des consommateurs capables de faire le marketing et la publicité des services ainsi produits. C’est le buzz.”

janvier 27, 2006 dans Revue de blogs | Permalink | Commentaires (0) | TrackBack

Gratuité ou pas ?

Critique du livre par Claude Allègre, L'Express.

Dans un livre qui fera date (1), Joël de Rosnay, grand prêtre de la modernité, aussi bien biologique qu'informatique, soulève un formidable problème: le changement de civilisation, de comportement, d'éthique même, dû à l'existence d'Internet et des blogs. Parmi les multiples sujets, tous passionnants, qu'il aborde, j'en choisirais un pour deux raisons: d'une part, il est d'actualité; d'autre part, il constitue un clivage de civilisation. L'information (au sens large du terme) doit-elle, peut-elle être gratuite? Au cœur de ce débat figure, bien sûr, la loi sur la protection de la propriété artistique que le ministre de la Culture voulait faire adopter et qu'il a dû différer. Mais la question va bien au-delà. Faut-il, comme le prônait il y a peu de temps Hervé Bourges, expert de l'audiovisuel s'il en est, que la télévision soit totalement gratuite? Ou bien que le téléspectateur paie en fonction de son usage en généralisant le péage? Avec les journaux gratuits, la même problématique fait intrusion dans la presse, qui est, on le sait, en crise (avec des journaux sans doute trop chers). Enfin, faut-il que tout ce qui est sur Internet soit gratuit, les disques comme les films ou les livres? Demain, la gratuité frappera-t-elle aussi le téléphone?[...]

janvier 26, 2006 dans Revue de presse | Permalink | Commentaires (5) | TrackBack